En dépit de ses impacts économiques, la crise sanitaire n’a jusqu’à présent pas incité les entreprises françaises, PME comme grands groupes, à stopper leurs projets de croissance externe. Face au manque de visibilité quant aux perspectives de rebond de l’activité, les acheteurs tendent cependant à se montrer plus prudents… tandis que certains groupes cotés, craignant de faire l’objet d’approches hostiles, cherchent à renforcer leurs dispositifs anti-OPA.
Devoir renoncer à une acquisition sous la pression officieuse d’un gouvernement, le cas de figure n’est pas rare. Publier la lettre d’un ministre pour justifier son intention d’abandonner un projet de rachat d’entreprise est en revanche inédit. En septembre dernier, LVMH a ainsi dévoilé un courrier du ministre français des Affaires étrangères lui demandant de différer l’acquisition de Tiffany au-delà du 6 janvier 2021, soit après la date butoir prévue dans l’accord conclu par les deux parties en novembre 2019. Une missive qui tombait à point pour le groupe présidé par Bernard Arnault. Déjà très critique quant à la manière dont le management de la cible avait géré la crise sanitaire, il a aussitôt annoncé qu’il ne pouvait plus «en l’état» réaliser le deal… jusqu’à ce que les deux parties, suite à une série de recours judiciaires, ne finissent par trouver un terrain d’entente pour sauver la plus importante transaction jamais enregistrée dans le secteur de luxe.
Des dates de closing repoussées
Même si la taille et la renommée des deux groupes ont contribué à médiatiser le dossier, ce dernier illustre bien un mouvement de fond observé depuis le début de la crise sur le marché M&A mondial, et notamment français. Alors que les transactions ont repris au troisième trimestre, beaucoup d’acquéreurs hésitent encore à poursuivre un projet de croissance externe initié avant la pandémie et veulent, a minima, en rediscuter les modalités. «De nombreux contrats relatifs à des projets d’acquisition négociés avant le premier...