Amorcée en mars dernier, la saison 2019 des assemblées générales montre un intérêt persistant des actionnaires pour le sujet de la rémunération. Néanmoins, ce sont avant tout les problèmes de gouvernance qui font débat cette année.
C’est sans doute une des assemblées générales les plus attendues de l’année qui aura lieu cette semaine. EssilorLuxottica, dont les actionnaires se réuniront le 16 mai, est en effet sous le feu des projecteurs. Et pour cause : depuis la fusion le 1er octobre dernier entre le producteur de verres français Essilor et le géant italien des montures optiques Luxottica, de vives tensions sont apparues entre les deux directions, Leonardo Del Vecchio, le co-PDG italien du nouvel ensemble, ayant même demandé l’arbitrage de la Chambre de commerce internationale. Inquiets, plusieurs actionnaires institutionnels ont décidé de déposer deux résolutions visant à nommer trois nouveaux administrateurs indépendants. Une démarche inédite :
«C’est la première fois qu’autant d’investisseurs institutionnels classiques se mobilisent à ce point», constate Loïc Dessaint, président de l’agence en conseil de vote Proxinvest.
L’affaire illustre de fait un renouveau des sujets traités par les assemblées générales, après deux années marquées par les problématiques de rémunération des dirigeants.
En 2017, l’instauration du «say on pay» ex ante, rendant le vote sur les rémunérations à venir contraignant, puis, en 2018, celle du say on pay ex post, portant sur les gratifications versées au titre de l’exercice écoulé, avaient beaucoup mobilisé l’attention des actionnaires.
Des rémunérations de plus en plus contestées
Si, cette année, le sujet des rémunérations figure toujours parmi les points les plus sensibles de ces assemblées générales, il entre dans une nouvelle phase. «Nous constatons que les taux d’opposition sont de plus en plus élevés au sein des actionnaires minoritaires, relève Loïc Dessaint. Ainsi, ces derniers se sont opposés à environ 70 % à la rémunération variable de François-Henri Pinault chez Kering. Toutefois, comme Kering est contrôlé à 40,9 % par Artémis, holding contrôlée par la famille Pinault, la résolution a finalement été votée.» Néanmoins, ces revendications ont le mérite de faire évoluer les mentalités.