Lors du dernier symposium des banquiers centraux réunis à Jackson Hole fin août dernier, le président de la Fed, Jerome Powell, a tenu des propos très fermes concernant la poursuite de la hausse des taux. Faut-il y voir un changement de la politique monétaire américaine ?
Franck Dixmier, global CIO gestion de taux chez Allianz Global Investors : Jackson Hole constitue effectivement un tournant. La Fed y a clairement affirmé qu’elle avait pour priorité de lutter contre l’inflation. Jusqu’à fin juillet, beaucoup d’investisseurs étaient convaincus – contrairement à nous, chez AllianzGI – que le mouvement de hausse des taux allait ralentir. Ils y ont, il est vrai, été encouragés par les propos de Jerome Powell : après la dernière hausse de 75 points de base (pb) en juillet, celui-ci a déclaré que ce relèvement, en portant les taux à 2,25 %-2,5 %, avait permis d’atteindre un taux neutre, c’est-à-dire un taux qui ne stimule ni ne ralentit l’économie. Les marchés y ont vu la confirmation que le pic de l’inflation était proche, ce qui était une erreur. Cela a en tout cas participé au rallye enregistré sur les actions et les obligations : entre la mi-juin et la fin juillet, les T-bonds à 10 ans ont perdu près de 100•pb, passant de 3,47 % à 2,57 %. Mais les anticipations sur l’évolution des taux Fed Funds à venir étaient irréalistes : à fin juillet, elles tablaient sur une baisse de 75pb en 2023, ce qui était totalement inc...