Un rapport parlementaire, publié il y a quelques mois, entendait obliger les banques d’affaires, dans le cadre de leurs activités de conseil stratégique et financier, à se déclarer comme lobbyistes. Toutefois, profitant du flou du décret d’application de la loi Sapin 2, les banques résistent.
Les banques d’affaires Lazard, Morgan Stanley, Citi, Merrill Lynch et Goldman Sachs, entre autres, feraient-elles le même métier que les cabinets de conseil en lobbying Havas, Séance Publique, Image 7 ou Boury Tallon & Associés ou Rivington pour ne citer que les plus connus sur la place de Paris ? Une telle question pourrait être qualifiée de choquante par certains établissements concernés. C’est pourtant bien une des conclusions du rapport, rendu le 19 avril dernier, par la commission d’enquête parlementaire sur les décisions de l’Etat en matière de politique industrielle. Celle-ci réclame l’inscription des banques d’affaires au registre des représentants d’intérêts (lobbyistes) tenu par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), rendant ainsi leurs activités de conseil stratégique publiques.
En effet, en auditionnant les différentes parties prenantes sur le dossier sensible de la vente éclair de la branche énergie d’Alstom au géant américain General Electric, fin 2014, les membres de la commission ont été amenés à s’interroger sur le rôle de la banque d’affaires Rothschild & Co, conseil du fleuron français, auprès du secrétaire général adjoint de l’Elysée de l’époque, un certain Emmanuel Macron, ancien de Rothschild... pour faciliter la vente. L’établissement, très réputé, était en effet soupçonné d’être intervenu en haut lieu afin d’influencer la décision de l’Etat qui était tenu de donner une autorisation préalable pour les investissements étrangers réalisés en France lorsque ceux-ci concernent des secteurs économiques stratégiques (décret Montebourg) tels que les transports, activité du groupe Alstom.