Les ETI familiales sont des championnes de notre économie. La crise de 2008 a démontré leur capacité à s’adapter et à rebondir pour retrouver le chemin de la croissance.Si ces entreprises sont encore trois fois moins nombreuses qu’en Allemagne, où l’économie trouve ses fondations grâce au désormais célèbre Mittelstand, les ETI familiales françaises n’en demeurent pas moins une forte locomotive d’innovation, de préservation du savoir-faire, d’agilité, de pérennité, d’audace et de bon sens.Elles ont cette capacité indispensable à réagir très vite tout en gardant une vision à long terme. Grâce à cet ADN, elles arrivent à capter les relais de croissance là où ils se trouvent, notamment à l’international.Pour réussir, les ETI familiales jouent sur trois leviers. En amont, elles ont la capacité de financer et de sécuriser plus facilement leur projet à l’international. Puis, une fois sur le marché étranger, elles inscrivent leur projet dans la durée pour s’assurer un retour sur investissement à long terme, sans se précipiter. Enfin, la gouvernance et les ressources humaines propres aux ETI familiales offrent un véritable avantage compétitif.
Financer et sécuriser son projet à l’international
Tout d’abord, pouvez-vous nous expliquer comment vous vous développez à l’international ?
Patrick Gruau, président du Groupe Gruau, leader de la carrosserie sur véhicule utilitaire : J’anime cette entreprise depuis 32 ans. J’ai repris les rênes à 28 ans et, depuis lors, mon équipe et moi-même en avons fait un groupe leader en Europe. Aujourd’hui, le seul marché français ne saurait suffire à notre développement. Il a chuté brutalement après la crise de 2008, de près de 40 %, et représente actuellement 390 000 véhicules par an, contre 465 000 en 2007. Cela commence à peine à remonter en France, à l’inverse de nos voisins européens dont l’activité est repartie de manière vigoureuse depuis quatre ans. Outre nos investissements en innovation, notamment dans les domaines de la connectivité et du véhicule électrique professionnel sur lequel nous travaillons depuis une dizaine d’années, l’international est devenu l’un de nos principaux leviers de croissance dans lequel nous avons donc énormément investi ces dernières années. L’international représente aujourd’hui près de 20 % de notre chiffre d’affaires et nous ambitionnons d’atteindre pas moins de 40 % fin 2022. Pour y parvenir, nous pouvons par exemple accompagner un constructeur automobile sur un grand projet, comme nous l’avons fait avec Renault et Nissan à Barcelone. Mais nous avons aussi d’autres outils à notre disposition : exporter depuis des usines en Pologne, en Algérie ou en Espagne, répondre à de grands appels d’offres comme pour les 1 100 ambulances que nous avons livrées à l’armée algérienne, signer des accords commerciaux, créer une alliance capitalistique comme pour la joint-venture que nous développons avec l’Allemand Sortimo, le leader mondial des systèmes de rangement dans les véhicules…