Entre la forte remontée des taux d’intérêt et la prudence exacerbée des investisseurs face à une conjoncture moins porteuse, de nombreux projets de rachats d’entreprise avec effet de levier n’ont pu aboutir depuis le début de l’année. Selon les spécialistes, la situation ne devrait pas se normaliser avant plusieurs mois.
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Avec une baisse de plus de 20 % en volumes et de près de 50 % en valeur depuis janvier, le marché européen des rachats d’entreprise avec effet de levier (LBO) connaît une année 2022 pour le moins difficile. Le regain de prudence des gérants de fonds, plus sélectifs depuis le début de la guerre en Ukraine en raison de la dégradation de la conjoncture, n’y est certes pas étranger. Mais de l’avis général des opérateurs, la principale explication tient aux modalités de financement de ce type de transactions.
Des coupons qui ont doublé
Sous l’effet de la forte hausse des taux d’intérêt et des spreads observée sur les marchés financiers, le coût d’emprunt moyen a tout simplement doublé, passant de 3,5 % en moyenne à 7 %, voire plus. De quoi mécaniquement réduire les marges de manœuvre des acquéreurs, contraints pour certains d’abandonner leurs projets de M&A. Outre ce repricing conséquent, l’accès à la liquidité est surtout devenu extrêmement compliqué. Si les banques ont continué, dans l’ensemble, de financer les opérations de tailles petite et moyenne, c’est-à-dire celles faisant ressortir une valeur d’entreprise allant jusqu’à 200-250 millions d’euros, il en a été différemment pour les autres. « Après une première phase de fermeture de quelques semaines fin février, le marché du leveraged s’est complément fermé début juin et pendant tout l’été », rappelle Laurent Vignon, responsable de l’activité crédits syndiqués pour la zone EMEA chez Société Générale CIB. Depuis le 1er janvier, 315 milliards de dollars...