Alors que le marché des fusions-acquisitions tourne au ralenti depuis plus d’un an et demi, les opérations qui ont tout de même lieu dans cet environnement économique perturbé intègrent désormais de plus en plus de clauses et mécanismes visant à sécuriser les deals. Une tendance forte qui permet notamment de surmonter les désaccords sur les prix, et qui acte l’inversion du rapport de force au profit des acquéreurs.
Des financements de plus en plus complexes à trouver, des discussions qui s’éternisent à cause des divergences de vision sur les valorisations et par conséquent, des deals de plus en plus longs à boucler... Dans un environnement contrarié, le marché des fusions-acquisitions se complexifie depuis quelques mois. Et cela se ressent dans les chiffres : après une première baisse de 46 % en 2022, le marché du M&A a chuté de 20 % en 2023 selon Refinitiv, pour atteindre 125,6 milliards de dollars en France.
Cette situation n’est pas sans conséquence pour les entreprises. Certaines d’entre elles ne parviennent plus à se vendre, tandis que les valorisations de celles qui trouvent preneur sont revues à la baisse, tirées vers le bas par des acheteurs moins nombreux et désormais capables d’imposer leurs exigences. « Nous sommes revenus dans un “marché acheteurs”, au sein duquel ceux-ci dictent davantage leurs conditions qu’il y a quelques mois », souligne Pierre Casanova, avocat associé au sein de l’équipe fusions-acquisitions de Darrois Villey. En outre, à cette diminution du nombre d’acteurs enclins à faire des acquisitions s’ajoute une différence de vision assez marquée entre vendeurs et acheteurs qui complique le closing des opérations. « Les deals sont plus difficiles à clôturer aujourd’hui car nombre d’entreprises sont restées sur des multiples de valorisation d’avant 2022, estime François Devedjian, avocat associé en fusions-acquisitions chez Ginestié Paley-Vincent. Cela rend la négociation sur le prix plus ardue entre le vendeur et l’acquéreur. »