Inédite par son ampleur, la restauration de Notre-Dame de Paris l’est aussi par ses modalités de financement, qui reposent uniquement sur des dons privés. Sur les 846 millions d’euros réunis à cette occasion, une large part l’a été par le biais de la Fondation Notre-Dame. Son intervention, comme celle des autres organismes collecteurs, a fait l’objet de modalités inhabituelles, inspirées des techniques de financement de projet.
« Ce 15 avril 2019 restera marqué dans l’histoire. Pendant des siècles, on parlera du Grand Feu de Notre-Dame », déclarait, quelques jours après l’incendie, Ken Follett, auteur du best-seller mondial Les Piliers de la terre, dans lequel il rendait hommage aux bâtisseurs de cathédrales. Cinq ans plus tard, force est de constater que la restauration de l’édifice pourrait elle aussi, dans un registre plus prosaïque, rester dans les annales. D’abord parce que, contre toute attente, la cathédrale s’apprête à rouvrir le 7 décembre prochain, conformément, à quelques mois près, à ce qui était prévu. Ensuite parce que le chantier, par sa nature et son ampleur, aura donné lieu à un financement de projet totalement inédit dans le domaine du patrimoine.
L’impératif de reconstruction « d’ici 2024 » de la cathédrale, fixé au lendemain de l’incendie par Emmanuel Macron, était en effet loin d’aller de soi. Alors que les experts avaient déjà du mal à s’accorder sur la durée des travaux, il était difficile d’évaluer leur coût, qui devrait couvrir à la fois la sécurisation du bâtiment et sa restauration. Propriétaire des cathédrales depuis la loi de 1905, l’Etat est censé à ce titre prendre à sa charge les grands travaux de réparation et de restauration de Notre-Dame. Entre 2000 et 2016, le ministère de la Culture avait ainsi alloué, au titre des Monuments historiques, 16 millions d’euros à la cathédrale, soit un million d’euros par an… un montant loin de couvrir les besoins de l’édifice,...