Face aux ondes de choc de la crise Covid-19 qui vont perdurer en 2021, les assureurs-crédit jouent un véritable rôle de pare-feu contre l’effet domino des défaillances d’entreprises. Entretien avec Eric Lenoir, président du comité exécutif d’Euler Hermes France.
Quels sont les impacts directs de la crise actuelle pour les entreprises ?
La crise Covid-19 a généré un choc d’offre et de demande majeur, qui a mis sous pression la trésorerie des entreprises. Les premiers impacts ont été visibles très rapidement : en France, au premier semestre 2020, les marges des entreprises ont reculé de – 7 points et l’endettement a progressé de + 11 points. Au troisième trimestre 2020, le taux d’endettement s’est à nouveau accru de + 1,5 point. Les mesures de soutien étatique ont certes permis à de nombreuses entreprises de perdurer, mais elles ne seront pas éternelles. A terme, les PGE consentis devront être remboursés et les charges décalées devront être régularisées. Que se passera-t-il quand l’Etat débranchera la perfusion des entreprises, dans un environnement qui reste incertain ? Où se situe la limite entre soutien à des entreprises fragilisées mais viables, et acharnement thérapeutique ? La pression actuelle sur la chaîne d’approvisionnement, le coût des matières premières et du fret vont de plus peser sur les marges. Nous estimons qu’en 2021, en France et en zone euro, dans les secteurs les plus exposés à la crise Covid-19, 1 entreprise sur 4 se retrouvera en situation de crise de trésorerie, c’est-à-dire en manque de liquidités pour garantir le bon fonctionnement de l’activité.
De quoi engendrer une recrudescence importante du risque d’impayés. L’effet trompe-l’œil que nous connaissons actuellement va inexorablement s’estomper : nous attendons 45 000 défaillances d’entreprises en France en 2021 et 62 000 en 2022, soit un niveau supérieur à celui de 2019.