Même s’il attire toujours plus d’émetteurs, le marché des titres de créances négociables continue de reposer sur un mode de fonctionnement impliquant notamment de nombreux échanges à la voix. Soucieux de digitaliser le processus de bout en bout pour gagner en efficacité, Orange a construit une plateforme inédite, baptisée Now CP.
Le marché des titres de créances négociables de court terme s’apprête à connaître une révolution technologique. Créé en 1985, celui-ci avait fait l’objet d’une vaste réforme en 2016, qui avait notamment abouti à la fusion des billets de trésorerie et des certificats de dépôts – devenus Negotiable European Commercial Papers (Neu CP). Surtout, les conditions d’éligibilité à ce mode de financement de court terme avaient été assouplies, de manière à attirer de nouveaux emprunteurs.
En revanche, le processus de placement n’avait nullement évolué, en dépit de son caractère jugé «archaïque» par les opérateurs eux-mêmes. «Comme c’est le cas depuis ses débuts, ce marché continue de fonctionner en grande partie à la voix, rappelle Frédéric Dalibard, responsable du digital pour la banque de grande clientèle chez Natixis. Les émetteurs contactent ainsi leurs partenaires bancaires – les agents placeurs – pour leur préciser leur besoin de financement, avant que ces agents placeurs joignent à leur tour des investisseurs pour placer les titres.» Parmi ses principaux inconvénients, ce modus operandi implique nécessairement de nombreuses tâches de saisie et de ressaisie entre les divers acteurs (émetteurs, investisseurs, agents placeurs, dépositaires, etc.), et même au sein d’une seule partie (notamment les banques entre les équipes du front-office et du back-office). «Même si l’émission d’un Neu CP demeure en soi une opération assez simple, on peut déplorer les nombreuses ruptures dans la chaîne de transmission des informations, qui font non seulement perdre du temps, mais aussi encourir des risques d’erreurs», constate Frédéric Fadat, responsable du desk Neu CP chez Crédit Agricole CIB.