Sous l’effet du durcissement monétaire amorcé par la BCE en 2022, les entreprises s’étaient habituées à percevoir des rendements attrayants pour des placements sans risque. Mais le réenclenchement d’un cycle de baisse des taux dès la fin du printemps a changé la donne, conduisant certaines d’entre elles à s’intéresser à des produits plus structurés afin d’optimiser la rémunération de leurs dépôts.
Pour les entreprises qui conservent des excédents de trésorerie à placer, la course au rendement ressemble décidément à un circuit digne des montagnes russes. Après avoir évolué durant sept années dans un environnement de taux historiquement bas, voire négatifs, elles s’étaient réhabituées à partir de l’été 2022 à bénéficier de niveaux de rémunération particulièrement attrayants en contrepartie de placements très peu risqués. Mais l’enclenchement le 12 juin dernier, par la Banque centrale européenne, d’un cycle de baisse des taux directeurs est venu bouleverser la donne. « Il y a un an, une entreprise pouvait bénéficier, pour des dépôts sans risque à court et moyen termes, de rendements d’environ 4 %, rappelle Christian Seguineau, responsable mondial des solutions de liquidité et d’investissements pour les entreprises chez Société Générale. Pour ces mêmes supports, la baisse de rendement atteint aujourd’hui 100 points de base sur des horizons de placement inférieurs à cinq années. » Substantielle et rapide, cette diminution est la conséquence directe des trois abaissements de taux opérés par l’institution de Francfort en juin, septembre et octobre, qui ont fait passer sur la période son principal taux de refinancement de 4,50 % à 3,40 %. Corollaire de cet assouplissement monétaire, les taux interbancaires comme ceux de marché ont eux aussi plongé : l’€STR (ex-Eonia) et le taux midswap à 5 ans ont ainsi perdu près de 80 points de base depuis le printemps, pour s’établir respectivement autour de 3,16 % et de 2,20 %.