Sous l’effet des récents relèvements de taux directeurs opérés par la BCE, les rendements des produits de placements de trésorerie s’inscrive en hausse sensible. Dans le même temps, la dégradation des conditions de marché et la disparition progressive des instruments de politique monétaire accommodants renforcent l’attrait des banques pour les dépôts de leurs clients.
C’est un véritable événement pour l’industrie des fonds monétaires, ces produits de placements plébiscités par les directions financières de grands groupes pour leur liquidité. Il y a quelques jours, plusieurs sociétés de gestion ont vu le rendement de leurs OPCVM monétaires basculer en territoire positif, pour s’établir entre 0 et 0,05 %. Du jamais-vu depuis plus de six ans ! Bien qu’encore modestes, les performances de ces supports devraient décoller dans les semaines qui viennent : d’après certains gérants, elles pourraient rapidement repasser au-dessus du seuil de 1 %.
De nouvelles hausses de taux attendues
Deux facteurs expliquent cette embellie. « Depuis cet été, plusieurs banques européennes sont revenues se financer sur le marché du NEU CP sur des maturités plus longues, en offrant aux investisseurs des primes plus attractives, constate Cécile Mouton, responsable Liquidity Solutions chez Amundi. Alors que ces émetteurs anticipent le remboursement prévu en juin 2023 des sommes massives (environ 1 200 milliards d’euros à l’échelle de la zone euro) levées au début de la crise sanitaire auprès de l’Eurosystème dans le cadre du dispositif TLTRO 3, ce mouvement pourrait durer. » Au-delà de cet effet haussier sur les marges (spreads), le rebond des rendements des fonds monétaires découle surtout des récentes décisions de la Banque centrale européenne. Afin d’enrayer l’envolée de l’inflation, qui a atteint 9,1 % sur un an en août dans l’Union monétaire – un record depuis la création de cette dernière –, l’institution de Francfort s’est en effet engagée cet été dans un cycle de fort relèvement de ses taux directeurs.