Alors que le taux français à dix ans est récemment entré pour la première fois de son histoire en territoire négatif, les entreprises ont également vu le coût de leurs financements obligataires repartir sensiblement à la baisse. Face à la perspective de nouvelles actions accommodantes de la part de la Banque centrale européenne, cette configuration de marché devrait perdurer.
Le 18 juin restera une date historique… y compris dans l’histoire financière de la France ! Pour la première fois, le taux hexagonal à dix ans a en effet basculé en territoire négatif, permettant ainsi au pays de rejoindre un club très fermé d’Etats bénéficiant de telles conditions de financement (Allemagne, Autriche, Pays-Bas, Suisse…). Après avoir momentanément atteint - 0,02 % ce jour-là, la rémunération réclamée par les investisseurs pour cette échéance était ensuite repassée au-dessus de 0 %, avant de replonger sous ce seuil la semaine dernière. Vendredi dernier, elle avoisinait - 0,11 %.
«Même si un taux à dix ans légèrement négatif ne change pas fondamentalement la donne pour un investisseur par rapport à un taux très légèrement positif, l’effet psychologique et d’affichage n’en reste pas moins symboliquement fort, dans la mesure où il s’agit d’une maturité de référence, très regardée par les opérateurs», observe Olivier Vion, responsable mondial de l’origination, marchés de capitaux de dette pour le secteur public et responsable de la syndication pour les souverains, supranationaux et agences chez Société Générale CIB. La résonance est d’autant plus forte que cette baisse intervient dans un contexte de recul généralisé des taux, qu’il s’agisse de ceux des autres Etats européens ou des taux de marché. Par exemple, les taux midswap en euros sont dorénavant négatifs jusqu’à huit ans, tandis que le taux midswap à dix ans a touché un plancher à 0,10 % (voir encadré). Début janvier, il s’établissait à 0,80 %, soit une chute de plus de 80 % sur la période !