En période de hausse des taux, les obligations convertibles retrouvent traditionnellement de l’intérêt auprès des entreprises en quête de financement. Celles actionnaires d’autres sociétés peuvent toutefois préférer opter pour des obligations échangeables en titres de leurs participations, dès lors que ces dernières sont susceptibles d’intéresser le marché.
En janvier 2024, la holding Orpar (contrôlée par la famille Hériard Dubreuil) annonçait une émission obligataire d’un montant de 200 millions d’euros, échangeable en actions existantes du groupe de spiritueux Rémy Cointreau, dont la holding est l’actionnaire principal. Loin d’être une première, ce type d’émissions de quasi-fonds propres, proche des obligations convertibles, n’en reste pas moins rare. « Ce n’est pas une pratique courante, confirme Marguerite Szleper, strategic equity transactions group chez Deutsche Bank à Londres. Il n’y a eu que cinq opérations de ce genre en 2023 sur l’ensemble du marché européen. »
De fait, les obligations échangeables en actions (OECA) sont minoritaires sur le marché des obligations convertibles (OC). Les OECA en Europe représentent « en moyenne chaque année 20 % du marché des obligations convertibles », estime Benoît Bout, head of equity-linked chez Crédit Agricole CIB. Leur montant a toutefois progressé en 2023 : d’une douzaine de milliards d’euros, il a presque doublé par rapport à l’année précédente. De plus, malgré leur faible nombre, les OECA sont un produit bien connu en France.
Plusieurs grands groupes y ont eu recours : Orpar en est à sa troisième opération depuis 2015, Financière Agache (groupe Arnault) l’a utilisé deux fois au début des années 2000 en émettant des titres échangeables en actions LVMH, Artémis, holding du groupe Pinault, a fait de même en 2017 et 2023 avec des titres Kering, tandis que cette dernière reprenait à...