Plutôt que de vendre simplement le groupe Cetih qu’il a fondé, Yann Rolland a donné 40 % de sa participation à un fonds de dotation à vocation philanthropique, désormais premier actionnaire de l’entreprise. Un projet actionnarial d’autant plus original que des fonds, comme Tikehau, ont accepté d’y participer.
Quand, à 67 ans, en 2021, Yann Rolland a voulu se retirer de la gestion de son entreprise, Cetih, spécialisée dans la construction de portes d’entrée et de fenêtres, dans les pays de la Loire (307 millions d’euros de chiffre d’affaires), il a songé à laisser la main à l’un de ses enfants. Mais aucune de ses deux filles n’était intéressée, et son fils se montrait hésitant. Il a jugé, après réflexion, l’affaire trop lourde.
Une cession pure et simple de l’entreprise dont il détenait 50 %, aux côtés des salariés-dirigeants et de fonds, semblait s’imposer, mais le fondateur ne s’imaginait pas conserver toute la plus-value réalisée, et souhaitait « que l’entreprise reste stable, bien implantée sur le territoire », ce qui n’était pas assuré en cas de cession pure et simple de l’activité. C’est alors qu’il a rencontré les fondateurs de Prophil, spécialisée dans le conseil aux dirigeants souhaitant faire évoluer la gouvernance de leur entreprise, vers le modèle d’entreprises à mission ou de fondations actionnaires. Très vite, il a été séduit par ces deux modèles : il a souhaité que Cetih devienne entreprise à mission, à la vocation commerciale tournée vers la rénovation et la performance énergétique, tandis que le capital pouvait être stabilisé et ancré localement si le premier actionnaire devenait une fondation. Ce statut garantit en effet la stabilité du capital, excluant tout rachat par des fonds étrangers, par exemple. « Il est impossible de racheter une entreprise détenue par une fondation actionnaire, cela garantit sa stabilité et sa pérennité », souligne Virginie Seghers, présidente de Prophil.