Les «primes de fidélité» pour les actionnaires existent depuis près de vingt-cinq ans, et pourtant, elles n’ont jamais conquis un nombre important d’entreprises. Cet outil, qui certes cible certaines catégories d’émetteurs, leur offre pourtant de nombreux avantages.
Les primes de fidélité peinent décidément à émerger ! Ces dividendes majorés jusqu’à 10 % maximum, constitués pour stabiliser l’actionnariat en 1993, avaient pourtant à l’époque rapidement séduit quelques groupes. Ainsi, Seb a été le premier à y recourir lors de la création du dispositif, suivi par quelques autres grands noms, tels qu’Air Liquide, EDF et le Crédit Agricole. Puis, par la suite, le néant, ou presque. Si quelques groupes les ont à leur tour intégrés après la crise de 2008, comme L’Oréal, Engie et Albioma, ils ne sont aujourd’hui qu’une poignée à utiliser ce produit de fidélisation des actionnaires.
Une stratégie de long terme
Il faut dire que cet instrument, qui n’a pas évolué depuis sa création, n’a pas vocation à séduire toutes les entreprises. Tout d’abord, le mécanisme du dispositif cible avant tout les actionnaires individuels, au détriment d’autres investisseurs, ce qui peut échauder certaines sociétés. D’une part, la prime de fidélité n’est versée que jusqu’à un certain seuil. «Ces dividendes majorés ne sont versés, pour un même actionnaire, que sur un nombre d’actions ne dépassant pas 0,5 % du capital, explique Alexis Marraud des Grottes, avocat associé chez Orrick Rambaud Martel. Ce principe crée mécaniquement une inégalité au profit des petits porteurs, qui profitent de cette majoration sur l’intégralité de leurs actions, alors que ce n’est pas le cas des plus grands actionnaires. Cette pratique, contraire à la logique des marchés financiers où le principe d’égalité de traitement entre les actionnaires demeure, va donc surtout intéresser les entreprises dans lesquelles les actionnaires individuels ont une présence forte.»