Alors que le retour de la croissance continue de se faire attendre, les négociations pour restructurer les entreprises sous LBO en difficulté s’allongent. Les créanciers n’hésitent donc plus à avoir recours à des procédés qui étaient encore inenvisageables il y a quelques années, comme la conversion de leur dette en capital. Paradoxalement, cette situation ne semble pas perturber les acteurs du marché, qui acceptent des valorisations redevenues élevées pour leurs nouvelles opérations.
Restructuration - Les banques de LBO changent d’approche
Ces dernières semaines, plusieurs dossiers de LBO en difficulté très attendus par la Place ont enfin trouvé une issue. Il était temps : pour certaines, comme Solocal ou Vivarte, le dénouement intervient après des mois, voire des années de négociations entre les créanciers et les actionnaires ! Si la confrontation entre ces derniers a pris tant de temps, c’est principalement parce que les volumes de dette qu’il a fallu rééchelonner, refinancer ou même abandonner sont très importants. Ainsi, Solocal, plus connu autrefois sous la marque Pages Jaunes, a dû repousser à plusieurs reprises depuis 2007 les échéances de sa dette senior initiale de près de 1,9 milliard d’euros, et négocier autant de fois avec ses créanciers, avant de finalement rembourser une partie de son emprunt en procédant à une augmentation de capital. Pour sa part, le groupe de prêt-à-porter Vivarte devrait prochainement voir ses créanciers abandonner près de 2 milliards d’euros de leur dette, sur les 2,8 milliards initialement souscrits, en contrepartie de quoi ils prendront le contrôle du capital. Face à ces montants très élevés, et en l’absence de reprise économique, les créanciers des sociétés sous LBO en difficulté se montrent en effet de moins en moins patients.«En 2008, ces derniers laissaient du temps aux sociétés pour se redresser, car ils pensaient que la reprise de l’activité se manifesterait rapidement, explique Guillaume Cornu, responsable du département Transaction Advisory Services chez EY. Désormais, ils ont radicalement changé leur approche.» Un changement d’attitude qui explique que les pratiques de la Place en termes de renégociation de dette aient fortement évolué ces dernières années.