Entretien avec Didier Geiben, consultant, co-fondateur d’Izicap, spécialiste du marketing dans les paiements
Le spécialiste des paiements néerlandais Adyen, un des leaders européens du secteur, a dévissé en Bourse en raison d’une révision à la baisse de ses perspectives de croissance. Etait-ce prévisible ?
Didier Geiben, consultant, co-fondateur d’Izicap, spécialiste du marketing dans les paiements : Le marché a été effectivement surpris par les chiffres annoncés. Pourtant, au cours du premier semestre 2023, le chiffre d’affaires a augmenté de 21 % par rapport à la même période en 2022. Cela reste considérable, même si cette croissance est inférieure aux + 40 % enregistrés auparavant. Mais le marché a été ébranlé par un autre indicateur : l’activité d’Adyen a stagné au premier semestre 2023, par rapport au second semestre de 2022. Cette stagnation n’est pas admise pour une valeur qui se payait, avant sa chute en Bourse, plus de 40 fois les bénéfices.
Le ralentissement est venu notamment des Etats-Unis, où Adyen enregistrait jusqu’à maintenant la plus forte croissance. Cela s’explique pour une bonne part par l’affaiblissement du commerce en ligne, dont Adyen reste un spécialiste : l’entreprise accroît sa part des commerces physiques, mais elle reste encore dépendante à 84 % de l’activité de l’e-commerce, dont la croissance aux Etats-Unis va tendre vers zéro cette année, notamment sous l’effet de l’inflation.
La concurrence accrue que subit Adyen, notamment aux Etats-Unis, n’a-t-elle pas contribué aussi à la moindre croissance ?
Un autre facteur joue effectivement en défaveur d’Adyen, c’est la très forte concurrence aux Etats-Unis dans le secteur des paiements, avec des entreprises comme Stripe, Square ou Braintree. Adyen avait su créer une offre nouvelle, avec son outil de paiement unifié, permettant de gérer l’ensemble des paiements dans le monde d’une entreprise, dont ont bénéficié ses clients, des...