La crise politique en France a entraîné une baisse de l’euro face au dollar, qui pourrait s’accentuer notamment en cas de conflit entre le gouvernement français et l’Europe. Par-delà ces incertitudes politiques, la tendance structurelle est à un affaiblissement de l’euro, compte tenu d’une croissance américaine bien installée, qui freine le rythme de la baisse des taux d’intérêt aux Etats-Unis, alors que l’Europe aura besoin d’une baisse du loyer de l’argent.
Si la crise politique en France a donné lieu à de nombreux commentaires financiers concernant l’évolution de l’écart de taux d’intérêt entre la France et l’Allemagne, l’évolution de l’euro, notamment face au dollar, a été beaucoup moins mise en avant. Et pourtant, la devise européenne, qui s’échangeait à 1,089 contre dollar (un euro égale 1,089 dollar) le vendredi précédant l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, a reculé de plus de 2 %, à 1,067 le 26 juin par rapport à son niveau constaté avant la crise politique. Elle est remontée depuis, à mesure que les deux scénarios politiques les plus redoutés par les marchés (victoire du Nouveau Front populaire ou majorité absolue pour le Rassemblement national) devenaient moins probables, tout comme elle a repris des couleurs face au franc suisse, après une chute également de 2 % post-dissolution.
L’euro est remonté, mais l’hypothèse d’une rechute n’est pas à écarter, notamment en cas de conflit à la rentrée entre le gouvernement français et l’Europe, portant notamment sur les finances publiques. Quelle que soit l’équipe au pouvoir au cours des semaines à venir, la probabilité est élevée de voir la France, faute de stabilité politique, ne pas s’engager clairement sur la réduction du déficit public, comme le voudraient les nouvelles règles européennes qui s’appliquent désormais, après la parenthèse de la crise sanitaire. « Si un clash se produit entre un gouvernement français refusant la discipline budgétaire et les autorités européennes, il faut sans doute s’attendre à une baisse supplémentaire de l’euro vers 1,05 », estime Nordine Naam, stratégiste changes chez Natixis.