Face à la multiplication des crises ces dernières années, les professionnels de la finance ont brutalement pris conscience de la montée en puissance d’un nouveau risque, lié cette fois à la géopolitique. Une évolution aux conséquences lourdes pour les gérants d’actifs. Ceux-ci vont en effet devoir progressivement adapter leurs portefeuilles en conséquence, tout en veillant à ce que les tendances d’investissement qui se profilent soient compatibles avec leurs engagements en matière d’ESG.
Comme les réseaux sociaux, les marchés financiers ont leurs influenceurs. Le monde des affaires allemand, les directeurs d’achat américains ou les ménages français y font ainsi la pluie et le beau temps, leur humeur, scrutée à la loupe au travers de divers indices (IFO, PMI, IPC…), servant de boussole pour évaluer l’orientation de la croissance, de l’inflation ou des taux d’intérêt. Depuis peu, cependant, les opérateurs de marché se sont trouvé de nouveaux oracles : désormais, le discours de Joe Biden en Ukraine, la visite de Xi Jinping à Moscou ou l’invitation à Ryad du président iranien par le roi d’Arabie saoudite font autant, voire plus parfois, office d’indicateurs de tendance. La crise sanitaire, puis l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont en effet brutalement rappelé aux financiers l’importance de la dimension géopolitique pour comprendre la marche du monde, y compris économique. « En Europe, la prise de conscience est très nette chez les professionnels du secteur financier, constate Anna Rosenberg, responsable géopolitique à l’Amundi Institute. Beaucoup veulent désormais être mieux informés sur les enjeux politiques actuels. »
Une forte demande d’expertise
Difficile, pour des non-spécialistes, d’appréhender une matière aussi vaste et complexe que la géopolitique. Les sociétés de gestion qui se sont saisies du sujet font ainsi appel à des experts pour renforcer leurs connaissances en la matière, qu’il s’agisse de hauts fonctionnaires, de chercheurs, de membres de think tanks comme l’IFRI, l’Institut Montaigne… ou d’anciens responsables politiques.