En décidant le 9 mars dernier, suite à l’échec des négociations avec la Russie, d’abandonner ses restrictions sur le marché de pétrole, l’Arabie Saoudite a déclenché une crise inédite et entrainé un effondrement des cours. Un pari risqué pour les deux pays, même s’ils ont pour l’instant atteint leur objectif : ralentir le processus de domination des Etats-Unis.
Le bras de fer qui opposait l’Arabie saoudite à la Russie sur le pétrole a mis le feu aux poudres le 9 mars dernier, en provoquant un véritable krach sur les marchés. Depuis le début de l’année, les prix sont passés de 66 à moins de 25 dollars. Comment expliquer une telle situation ?
Avant la réunion de l’OPEP des 5-6 mars, les prix du pétrole étaient déjà orientés à la baisse. Alors qu’ils étaient à près de 70 dollars début janvier, ils étaient tombés à 50 dollars le baril début mars. La Chine, premier importateur de pétrole au monde, avait en effet commencé à donner des signes de baisse de la demande intérieure et des importations prévues pour mars. Cet affaiblissement de la demande mondiale est intervenu dans un contexte incertain pour les pays producteurs : en 2019, plusieurs pays avaient augmenté leur production, comme le Brésil, le Canada, et surtout les Etats-Unis où elle était passée à + 1,5 million de barils par jour (tous liquides d’hydrocarbures confondus). La réunion de l’OPEP+ (qui rassemble les pays de l’OPEP et une dizaine d’autres producteurs, dont la Russie) visait à entériner des coupes supplémentaires dans la production pour maintenir les prix. Les membres avaient certes déjà réduit leur offre, mais l’Arabie saoudite assurait l’essentiel (environ 70 %) de cet effort. La Russie, elle, n’avait pas réduit sa production ; elle avait seulement consenti à ne pas l’augmenter. L’Arabie saoudite voulait donc baisser la production de l’OPEP d’un million de barils/jour supplémentaires, et voir la Russie et les autres alliés du cartel diminuer cette fois la leur de 500 000 barils/jour.