Avec l’arrêt des chaînes de production pendant les confinements et la quasi-pénurie de semi-conducteurs qui freine la reprise, les constructeurs automobiles font face depuis plusieurs mois à d’importantes difficultés. Pourtant, leurs titres ont surperformé en Bourse. Les investisseurs ont salué leur bonne gestion de la crise mais aussi la transformation plus structurelle de leurs modèles économiques.
A l’heure où se construit le « monde d’après », que l’on veut plus vert et plus technologique, c’est tout un pan de l’ancienne économie qui fait de la résistance en Bourse : le secteur automobile. Depuis deux ans, il surperforme le marché. Ainsi, l’indice MSCI Europe Automobiles and Components a progressé (en dollars) de 16,79 % en 2021, contre 13,75 % pour le MSCI Europe, tandis que son équivalent à l’échelle mondiale gagnait 33,36 %, contre 20,14 % pour le MSCI World. En 2020, les écarts étaient encore plus marqués avec un indice sectoriel mondial qui bondissait de près de 63 % quand sa référence progressait de 14 %. Malgré la correction boursière de ces dernières semaines, certains constructeurs continuent ainsi d’enregistrer des performances très notables, à l’image de BMW (+ 28 % sur un an au 8 février 2022), Volkswagen (+ 35 %), Toyota (+ 45 %) ou Ford (+ 55 %). Quant aux deux constructeurs français, ils ont connu des résultats contrastés, avec d’un côté Renault qui, englué dans des problèmes de gouvernance, perd 14 % sur un an, et de l’autre Stellantis – résultat de la fusion entre PSA Group et Fiat-Chrysler – qui gagne 22 %.
«On estime le manque à gagner de la crise des semi-conducteurs pour le secteur automobile au niveau mondial à environ 10 millions de véhicules sur 2021, soit entre 200 et 250 milliards de dollars.»
Tesla ou la bicyclette
Ces belles performances boursières illustrent le regard nouveau que portent des gérants actions sur ce secteur. « Auparavant, le secteur automobile était très peu étudié par les investisseurs : pour le marché, en matière de mobilité, c’était soit Tesla, soit la bicyclette, ironise Yann Giordmaina, gérant de fonds et mandats chez Tocqueville...