Moins engagées que leurs homologues américaines dans le financement des énergies fossiles, futurs actifs échoués, les banques européennes, notamment françaises, vont devoir tout de même réduire leur exposition. Une évolution qui devrait s’accelérer sous la pression réglementaire.
Les banques doivent cesser progressivement leurs prêts aux entreprises du secteur des énergies fossiles. Sans quoi, elles devront faire face, à terme, à une accumulation d’actifs échoués, autrement dit, s’agissant des bilans bancaires, de prêts à très haut risque de défaut. Ce constat fait l’unanimité, aussi bien parmi les ONG préoccupées par la lutte contre le changement climatique qu’au sein des autorités de supervision ou des agences de notation. En cas de trop grand retard de la transition énergétique, qui entraînerait un changement brutal, la probabilité de défaut des emprunteurs dans certains secteurs, comme le raffinage, pourrait être multipliée par 5, estime la Banque de France. Les banques, elles-mêmes, ne nient pas la nécessité d’agir. Mais l’ampleur du problème et le rythme adopté pour mettre fin au financement de ces secteurs à risque font débat.
Pour les ONG, l’urgence est absolue. Au point que certaines d’entre elles ne pensent pas que les banques puissent réellement prendre en compte cette problématique sans intervention publique, tant le niveau des engagements apparaît important : il a en effet été estimé à près de 10 % des crédits des banques aux entreprises. Une intervention qui serait nécessaire pour éviter une crise comparable à celle des subprimes, estime un rapport publié par Reclaim Finance et l’Institut Rousseau, réalisé par l’économiste Gaël Giraud et le responsable RSE-conformité de Natixis, Christian Nicol, qui signe en tant qu’élu local et militant...