Parole d’expert – BNY Investments

Crédit : jouer la carte européenne

Publié le 4 avril 2025 à 11h53

BNY Investments    Temps de lecture 4 minutes

C’est un début d’année positif que connaît le crédit obligataire en Europe. Sur le segment de l’investment grade, il renoue avec un rendement attractif, pour des conditions de risque favorables aux investisseurs. Attention toutefois à des divergences entre secteurs, mais dont saura profiter une gestion active, souligne Fabien Collado, gérant obligataire senior, spécialiste de l’investissement responsable chez Insight Investment, filiale de BNY Investments.

Pourquoi estimez-vous que le contexte se prête à une gestion active sur le crédit obligataire européen ?

Ce marché se comporte relativement bien depuis le début de l’année et se caractérise par une forte compression des spreads. Cela fait apparaître des opportunités d’investissement intéressantes, mais cela nécessite aussi de réaliser une sélection précise pour en profiter. Le bond picking est d’autant plus indispensable qu’une certaine volatilité s’est installée sur les taux et les spreads. Cette approche active devrait également être adaptée aux mois à venir, car nous pourrions assister à une certaine reprise des mouvements de consolidation, comme on le voit actuellement aux Etats-Unis, souvent en avance de phase.

Conseillez-vous d’investir de manière indéterminée sur tout le segment du crédit européen ?

Nous remarquons de réelles divergences entre secteurs et privilégions actuellement la dette bancaire. Les spreads de crédit sur les obligations financières restent particulièrement attractifs. Nous sommes constructifs sur le secteur des services aux collectivités, qui se démarque. Les émissions y sont nombreuses, car les sociétés sont confrontées au financement de la transition énergétique et doivent contribuer à remplir l’objectif de souveraineté énergétique des pays européens.

Nous sommes en revanche prudents sur les valeurs cycliques, notamment l’automobile, confrontée à de réelles difficultés. La prudence est de mise également sur l’immobilier. Il a un temps profité des baisses de taux, mais leur rythme a ralenti et une certaine nervosité gagne le secteur à l’idée que les taux demeurent sur des niveaux élevés à moyen terme.

Avec de bons choix d’allocation, l’investment grade européen est en mesure d’apporter un rendement de 3,4 %/3,5 %. Il faut souligner que les niveaux de portage actuels sont particulièrement intéressants pour un risque faible. Notre fonds Responsible Horizons Euro Corporate Bond Fund a su s’adapter à différentes conditions de marché pour offrir aux investisseurs un alpha régulier.

Faut-il s’intéresser aux obligations vertes et sociales ?

Bien sûr, d’autant que les volumes d’émissions ne diminuent pas sur les marchés européens, en réponse à l’objectif d’indépendance énergétique que se fixe l’Europe. Il est vrai que l’on a pu observer un certain repli réglementaire en matière d’ESG, un désintérêt aussi du côté des Etats-Unis, avec les annonces de l’administration Trump notamment. Néanmoins, l’intérêt des investisseurs en Europe pour ce que l’on nomme les green et les social bonds ne se dément pas. Ils apprécient la transparence que cela procure sur les projets financés par l’émission obligataire, ainsi que les objectifs de durabilité. Ces derniers peuvent se décliner sur l’environnement, le social, mais aussi l’eau (blue bonds) ou encore des activités très spécifiques, comme l’aluminium vert dans les pays nordiques ou l’acier vert en Autriche. Nous sommes sur un segment très dynamique.

Faut-il craindre un effet de mode ?

Il faut en tout cas prendre garde au greenwashing. C’est pour y répondre que nous avons développé chez Insight des méthodes d’évaluation spécifiques portant sur les émissions d’obligations vertes et sociales. Notre outil interne Prime permet ainsi de juger de la qualité ESG d’un émetteur d’un point de quantitatif, puis nous réalisons une analyse qualitative. De quoi se rendre compte que le greenwashing demeure encore une réalité sur le marché, puisque nos outils nous ont conduits à écarter 15 % des émissions d’obligations vertes et sociales étudiées en 2024. Depuis 2017, nous avons considéré sous ce prisme 2 200 dossiers, et 20 % d’entre eux n’ont pas rempli nos critères d’impact. Ceux qui sont retenus, en revanche, sont particulièrement intéressants, tant du point de vue du rendement que de la façon dont ils répondent aux exigences de plus en plus pointues des investisseurs sur le crédit.

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