La dette infrastructure a démontré sa capacité à résister à la crise sanitaire et financière. Si certains sous-jacents ont été plus impactés que les autres comme le secteur des transports, du côté des instruments financiers, les spécialistes constatent un quasi-retour à la normale. Après un écartement des spreads au plus fort de la crise, ceux-ci se sont resserrés et pourraient revenir au niveau antérieur à la pandémie. Pour autant, le marché de la dette infrastructure est en pleine transformation. La dette junior se développe fortement, tandis que la dette senior enregistre une légère baisse en termes de rendements, même si ceux-ci demeurent encore très attractifs. Dans ce contexte, les initiatives des gérants se multiplient, les approches se diversifient et certaines thématiques gagnent en importance comme le financement de la transition énergétique et numérique. Les participants au Grand Débat d’Option Finance ont détaillé ces évolutions. Ils ont mis l’accent sur le développement de la dette junior, sur les opportunités induites et sur les risques. Ils ont également démontré l’intérêt de la classe d’actifs, dette infrastructure, pour les investisseurs qui, de leur côté, affichent un appétit grandissant pour ces instruments financiers.
- Comment a évolué la classe d’actifs depuis un an ?
- Comment expliquer le développement de la dette junior et quels sont les risques ?
- Quelle est la performance de la dette junior par rapport à de la dette senior ?
- Cette segmentation entre la dette senior et la dette junior correspond-elle aussi à des tailles de fonds différentes ?
- L’évolution des conditions financières pousse-t-elle à l’adoption de taux variables ?
- L’Union européenne souhaite favoriser la transition énergétique et développer les infrastructures vertes, la dette constitue-t-elle un outil adéquat pour cela ?
Comment a évolué la classe d’actifs depuis un an ?

Philippe Benaroya, directeur associé, Generali Global Infrastructure : Depuis le début de la crise sanitaire, les transactions se sont poursuivies à un rythme accéléré. Notre activité n’a pas enregistré de ralentissement depuis le mois de mars 2020. Les marges se sont améliorées et nous constatons que nos opérations restent à des conditions de rendement supérieures à celles d’avant la crise sanitaire. Nous avons également observé une très bonne résilience des investissements réalisés avant la crise, mais aussi depuis son déclenchement dans la mesure où nous sommes engagés dans des stratégies d’investissement défensives. Soulignons aussi que les parts de marché des institutionnels et des gérants d’actifs par rapport aux banques européennes ont continué à progresser. Les banques réduisent leurs activités de financement des infrastructures puisqu’elles sont mobilisées dans le soutien à l’économie et aux secteurs fermés à cause des confinements. Nous notons enfin des évolutions sectorielles à travers le développement d’actifs liés à la transition énergétique et à la digitalisation des économies. En effet, les investissements dans les télécommunications et le renouvelable se sont multipliés ainsi que dans le ferroviaire qui émet moins de carbone que d’autres types de transport. La transition climatique constitue maintenant avec les plans de relance l’un des grands catalyseurs des investissements dans les infrastructures.
René Kassis, directeur actifs réels et privés à La Banque...