Face aux taux d’intérêt négatifs, les réactions des entreprises et des investisseurs institutionnels varient selon leurs propres contraintes internes. Ainsi les grandes entreprises cotées sont-elles tenues par une obligation de sélectionner des produits «cash & cash equivalent», tandis que les PME et les ETI disposent de plus de latitude pour se positionner sur des solutions avec des rendements à zéro, voire très légèrement positifs. Les institutionnels distinguent aussi de plus en plus souvent une poche de trésorerie à long terme, tout en continuant à investir dans les fonds monétaires dont les rendements sont tout de même meilleurs que la détention de cash dans un compte dépositaire. De nouvelles solutions émergent en parallèle, comme les fonds à échéance, les fonds obligataires à court terme ou les produits structurés dont les risques ne sont pas toujours bien évalués par les investisseurs.
- Les taux d’intérêt à court terme en Europe sont négatifs depuis maintenant plusieurs années ; cette situation pourrait-elle se prolonger encore durablement ?
- Avez-vous estimé le coût pour une entreprise comme Sanofi de devoir investir sa trésorerie à taux négatifs ?
- Quelles sont en moyenne les performances des fonds monétaires ?
- Quels sont les risques induits par les taux négatifs ?
- Quels sont les supports de placement adaptés à la gestion de trésorerie ?
- Les fonds obligataires court terme sont-ils gérés avec la même prudence que les fonds monétaires ?
- Est-ce que les entreprises sont toutes logées à la même enseigne par les banques ?
- Quelles formes pourraient prendre ces solutions ?
- Existe-t-il des alternatives spécifiques pour les investisseurs institutionnels ?
- La nouvelle réglementation sur les fonds monétaires n’est-elle pas plus contraignante pour les gérants ?
- Est-il possible de doper la performance de la trésorerie en s’exposant au dollar ?
- L’analyse ESG est-elle maintenant intégrée aux fonds monétaires ?
Les taux d’intérêt à court terme en Europe sont négatifs depuis maintenant plusieurs années ; cette situation pourrait-elle se prolonger encore durablement ?
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Alain Guelennoc, directeur général de Federal Finance Gestion : Les banques centrales, qu’il s’agisse de la Banque centrale européenne (BCE) ou de la Fed aux Etats-Unis, ont entrepris un revirement début 2019 : alors qu’elles devaient entamer ou accentuer le resserrement de leur politique monétaire, elles ont décidé de poursuivre leurs politiques monétaires accommodantes et plus récemment de les intensifier afin de pallier le ralentissement de la croissance et le manque d’inflation. Cette stratégie semble durable. En effet, aux Etats-Unis, la Fed vient tout juste de baisser à nouveau les taux directeurs de 25 points de base. En Europe, la BCE a fait de même en septembre avec un geste sur les taux d’intérêt et procède à des injections supplémentaires de liquidités. Nous ne voyons pas de régularisation prochainement, contrairement à ce que nous anticipions il y a quelques mois. Dans un tel contexte, les taux d’intérêt à court terme devraient rester durablement négatifs. Cette situation vaut pour l’ensemble de la courbe des taux. Nous considérons tout de même que, sur les taux longs, il existe des seuils de résistance à la baisse. Ainsi, lorsque les titres allemands à 10 ans (Bund) ont atteint – 0,6 %, l’appétit des investisseurs s’est réduit sensiblement. De ce fait, nous considérons que nous avons peut-être atteint des plus bas. Depuis, les taux d’intérêt à 10 ans se sont légèrement ajustés. Pour autant, nous n’anticipons pas une remontée importante des taux à long terme. La courbe des taux, sans être plate, devrait rester peu pentue en zone euro. Aux Etats-Unis, la courbe des taux est plate voire légèrement inversée et cela pourrait aussi perdurer.