Le marché de la dette privée n’a pas encore enregistré de modifications notables des rendements visés par les fonds. Les gérants mettent en avant les fondamentaux solides des entreprises. Toutefois, ils constatent les prémices d’un ajustement, à travers des spreads qui commencent à se différencier selon les secteurs. Ils n’excluent pas des ajustements plus massifs à l’avenir, et se veulent ainsi prudents dans leur sélection.
Hausse des taux d’intérêt, baisse prononcée des valorisations depuis le début de l’année… Les inquiétudes autour de la Bourse et des marchés publics n’ont pour l’instant pas, ou peu, affecté l’appétit des investisseurs pour les actifs privés, et en particulier pour la dette privée. En 2021, alors que la Banque centrale américaine (Fed) avait déjà évoqué ses préoccupations au sujet d’une inflation qu’elle jugeait durable dans la seconde partie de l’année, les levées ont été très prononcées sur cette classe d’actifs. Sur le seul marché français, selon les dernières statistiques publiées par France Invest, les levées de fonds ont grimpé à 7,6 milliards d’euros, ce qui correspond à une progression de 34 % par rapport à 2020.
De même, les fonds de dettes privées ont été très actifs en termes d’investissement puisqu’ils ont placé plus de 14 milliards d’euros sur des opérations en France en 2021, progressant de 52 % par rapport à 2020. En 2022, malgré les secousses enregistrées sur les marchés financiers, le rythme d’investissement et les levées de fonds restent soutenus, même si les gérants notent un léger tassement de la croissance. « Les gérants lèvent des fonds tous les deux ans pour des volumes importants, même si la croissance de la taille des fonds marque le pas ces derniers mois », avance Guillaume de Jongh, directeur général chez Capza. Au niveau européen, les spécialistes notent aussi une accalmie, mais aucun retrait massif des investisseurs, comme sur les marchés publics....