Sous le feu des critiques depuis plusieurs années, le label ISR français doit être réformé d’ici la fin de l’année. Les sociétés de gestion dressent la liste de leurs souhaits et leurs priorités sont loin d’être toutes alignées. Pas plus entre elles qu’avec celles du nouveau comité du label qui s’apprête à publier ses orientations.
Le label ISR français a deux visages. Le premier, côté pile, est celui d’un dispositif précurseur en Europe, qui, dès 2016, sous l’égide du ministère des Finances, a permis de donner un référentiel commun à l’investissement responsable quand celui-ci était encore balbutiant. Et qui depuis n’a eu de cesse de rallier de plus en plus de sociétés de gestion en France : fin juin, 175 d’entre elles avaient fait labelliser 1 037 fonds représentant un encours de 634 milliards d’euros. Selon Novethic, c’est le label durable national qui, en Europe, a connu la croissance la plus forte l’an dernier, devant le label belge qui pourtant a rencontré un fort succès ces dernières années.
Une perte de crédibilité
Côté face, le bilan est moins flatteur. « La France a été pionnière sur la question des labels mais elle n’a pas su faire évoluer son cadre suffisamment vite et aujourd’hui, le label ISR se retrouve moins exigeant que les pratiques de marché », dénonce Mathilde Dufour, responsable de la recherche en développement durable chez Mirova. Un diagnostic crûment mis en lumière par l’Inspection générale des finances (IGF) dans son rapport rendu en décembre 2020, qui concluait : « A moins qu’il n’évolue radicalement, le label ISR s’expose à une perte inéluctable de crédibilité et de pertinence. » De fait, les épargnants, ou du moins leurs conseillers financiers, commencent à douter. « Le label fait face à une crise de légitimité, assène Coline Pavot, responsable de la recherche investissement responsable de La Financière de l’Echiquier. Aux insatisfactions des sociétés de gestion s’ajoutent, depuis le rapport de l’IGF, les doutes des distributeurs, et notamment des CGP. La confiance est ébréchée. »