Gérants, stratégistes ou encore économistes n’arrivent pas à s’entendre sur la conjoncture américaine. Si les avis divergent autant, c’est certainement parce que le cycle économique entamé post-crise n’a pas la même configuration que lors des phases précédentes. Il rend ainsi difficile tout exercice de prévision dans un contexte marqué, en outre, par une forte incertitude politique.
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Après avoir alimenté en début d’année la volatilité des marchés financiers, les indicateurs économiques américains surprennent maintenant positivement les observateurs. Les créations d’emplois se sont élevées à 215 000 postes pour le mois de mars, contre 205 000 attendus. Une amélioration qui s’est traduite par une hausse du revenu moyen horaire de 2,3 %.
Du côté des consommateurs, on note ainsi un climat plus favorable. Même constat du côté des entreprises puisque l’indice ISM du secteur manufacturier a rebondi au mois de mars à 51,8, après s’être situé sous la barre des 50 durant les six derniers mois. «Les commandes étrangères s’améliorent et l’indice des commandes en attente repasse au-dessus de la barre des 50 pour la première fois depuis mai 2015, souligne Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis Asset Management. C’est plutôt sain. La production continue de s’améliorer et les stocks se regarnissent.»
Pour NAM, ces bons chiffres évoquent un rattrapage de l’économie américaine. Mais pour d’autres professionnels, ils sont contrebalancés par des signes négatifs. «Aux Etats-Unis, nous observons un “retournement” des résultats des sociétés depuis quelques trimestres, avec des publications de moins en moins bien orientées, indique Nicolas Cheron, analyste CMC Market. Cette tendance est significative d’un cycle économique américain déjà arrivé à maturité, après sept années de reprise. Dans ces conditions, statistiquement, le risque de récession augmente aux Etats-Unis. Si la croissance se tient encore, l’investissement des entreprises est trop faible, tandis que les salaires et l’inflation stagnent.»