Interview d’Eric Robbe, président de Laffitte Capital Management.

Quelle est votre analyse de la dynamique du marché des fusions-acquisitions ?
Tous les moteurs favorables à cette thématique sont en place depuis plusieurs mois. Tout d’abord, les entreprises disposent de réserves de trésorerie très abondantes. Cette situation est soutenue par des conditions de financement intéressantes du fait des taux d’intérêt bas, et du niveau d’endettement extrêmement faible des sociétés. Ensuite, la faiblesse de la croissance économique pousse les entreprises à rechercher de la croissance externe au travers d’acquisitions. Un autre catalyseur important est l’anticipation de remontée des taux aux Etats-Unis par la Fed.
En plus de tous ces éléments quantitatifs, les facteurs qualitatifs sont prépondérants. Et de ce point de vue, depuis la crise financière de 2008, la confiance des investisseurs et la visibilité des marchés se sont grandement améliorées, notamment aux Etats-Unis où la croissance économique et l’emploi sont repartis.
L’environnement général est donc globalement très favorable aux opérations de fusions-acquisitions en Europe et aux Etats-Unis.
Pensez-vous que ce cycle de fusions-acquisitions puisse se poursuivre dans les mois à venir ?
Tant que les éléments cités précédemment seront présents, il n’y a pas de raison que le rythme décélère. Si l’on rapporte le volume des opérations à la capitalisation boursière, nous ne sommes pas encore revenus au niveau d’avant 2008, notamment en Europe ; il existe donc encore une marge de progression. Par ailleurs, les acheteurs chinois, après avoir été très présents dans le private equity, s’attaquent désormais aux entreprises listées. On constate également que la part des opérations transfrontalières est de plus en plus importante (+ 39 % des transactions en 2016 avec 1,28 trillion de dollars selon...