Avec la crise sanitaire, les « fallen angels », ces émetteurs obligataires dont la notation a été rétrogradée en catégorie « haut rendement », se sont multipliés. Mais nombre d’entre eux ont d’ores et déjà retrouvé le statut « investment grade ». Savoir les repérer avant les autres investisseurs procure un avantage certain à ceux qui misent sur ces valeurs.
Ils reviennent de loin. Les anges déchus (ou « fallen angels » en anglais) sont, pour les milieux financiers, des émetteurs dont les obligations étaient bien notées par les agences de rating, dans la solide catégorie de l’« investment grade » (IG), jusqu’au jour où ils ont basculé dans un autre univers, celui du « high yield » (HY), émetteurs obligataires proposant un fort rendement en contrepartie d’un haut niveau de risque. Or, en 2021, les fallen angels représentaient 11,6 milliards d’euros de dette. La même année, 31,3 milliards d’euros de dettes spéculatives sont remontés dans la catégorie investment grade, grâce aux rising stars, ces entreprises qui ont fait la trajectoire inverse, passant de la catégorie spéculative du haut rendement à celle des entreprises les plus solides. « En 2021, il y a donc eu une amélioration de la situation des émetteurs », résume Vincent Marioni, responsable de la gestion crédit Europe chez Allianz GI.
Le revenu attractif des fallen angels
- Les titres « fallen angels » délivrent en permanence des revenus plus attractifs que les obligations à haut rendement classiques. « Actuellement, les fallen angels sont valorisés au bon prix, estime Paul Benson, responsable de la gestion Efficient Beta chez Insight Investment, boutique de BNY Mellon IM. Le rendement le plus bas enregistré pour l’indice ICE BAML Global Fallen Angel s’élève à 4,81 %, ce qui reste attractif par rapport à d’autres classes d’actifs, d’autant que cet indice a connu un taux de défaut annuel moyen très faible, de 0,25 %, depuis 2005. La récente hausse des taux d’intérêt, entraînée par l’anticipation des hausses de taux de la Fed, a eu un impact négatif sur les rendements totaux, mais le marché a déjà intégré dans ses prix les cinq prochaines hausses de taux. »
L’influence de la pandémie et de politiques monétaires accommodantes
Les mois de pandémie ont vu tomber beaucoup d’anges déchus dans les catégories spéculatives, notées chez Standard & Poor’s, de BB + à BB-. « En décembre 2019, il y avait environ 68 % d’obligations fallen angels, notées BB (cf. tableau Bloomberg), commente Paul Benson, responsable de la gestion Efficient Beta chez Insight Investment, boutique de BNY Mellon IM. En juin 2020, avec des dégradations atteignant près de 100 milliards de dollars au cours des six premiers mois, principalement dans des obligations notées BB, l’exposition globale à la notation BB est passée à 85 %. Depuis juin 2020, nous avons constaté une augmentation des obligations notées BB + et une exposition généralement plus faible aux obligations BB et BB-. »