La perspective de voir se prolonger sur longue période des niveaux de taux négatifs ou très bas pèse sur les décisions des compagnies d’assurance en matière d’allocation d’actifs. Paradoxalement, alors qu’elles devraient davantage se porter sur les actifs à risque afin de compenser les faibles niveaux de rendement dans l’obligataire, elles sont dans l’incapacité, compte tenu de leur réglementation, de faire évoluer en ce sens leur portefeuille. Par conséquent, elles cherchent à modifier la structure de leur passif, ce qui nécessite toutefois de convaincre les particuliers d’augmenter fortement la part des unités de compte dans leur contrat d’assurance-vie. Une démarche qui suppose une modification de l’offre, mais aussi du discours commercial.
- Quelles sont les perspectives en matière d’évolution des taux d’intérêt ?
- Tous les scénarios doivent-ils être envisagés, même les plus improbables ?
- Les réformes de la directive Solvabilité 2 ont-elles apporté de la flexibilité notamment pour investir dans les actions ? Quelles sont les prochaines avancées attendues dans ce domaine ?
- Quelles sont les limites à la diversification de l’actif des assureurs ?
- Quelles sont les réflexions en matière d’évolution du passif ?
- Comment convaincre les particuliers de basculer massivement vers les UC ?
- La loi Pacte et la perspective d’une réforme des retraites peuvent-elles servir d’arguments pour un accroissement des investissements en actions ?
- Le discours autour de l’ISR et de l’ESG facilite- t-il aussi la distribution ?
Quelles sont les perspectives en matière d’évolution des taux d’intérêt ?
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Farhat Selmi, responsable de la gestion obligataire assurantielle chez Ostrum AM : Il n’existe pas beaucoup d’arguments aujourd’hui qui plaideraient en faveur d’une hausse des taux d’intérêt. Ils vont plutôt dans le sens d’une stabilité sur les niveaux actuels. En effet, les banques centrales des pays développés qu’il s’agisse de la Banque centrale européenne (BCE), de la Fed aux Etats-Unis ou de la Banque du Japon (BoJ) sont toutes engagées dans une politique monétaire accommodante, même si elles utilisent des instruments différents. Nous ne pensons pas qu’il puisse y avoir de changements à moyen terme. La BCE va continuer à faire tout son possible pour maintenir des taux bas, voire négatifs, car la croissance économique européenne est en panne, elle n’a pas encore atteint le plein-emploi et l’inflation est toujours absente. A cela s’ajoute un grand nombre d’incertitudes politiques et géopolitiques dont en premier lieu le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine. Ce dernier a déjà des conséquences importantes sur la croissance mondiale. Les facteurs techniques pèsent aussi sur les niveaux des taux. Il y a actuellement énormément de liquidité en circulation. En parallèle, du côté des assureurs, nous savons qu’il devrait y avoir beaucoup de tombées en 2020, 2021, 2022, c’est-à-dire qu’un grand nombre de titres obligataires arriveront à échéance, seront remboursés et il faudra les renouveler. Cette né...