De plus en plus d’asset managers révisent leurs méthodologies d’analyse extra-financière pour les adapter aux spécificités des actifs issus de pays émergents. Une tâche ardue car la donnée n’est pas toujours facile d’accès. Mais l’effort semble indispensable pour des gérants qui veulent réduire leurs risques tout en participant au financement de la transition de ces pays souvent en retard sur les Objectifs de développement durable.

Trop éloignés, trop hétérogènes, trop peu transparents… Longtemps, pour de multiples raisons, les marchés émergents sont restés les parents pauvres de l’analyse ESG (environnement, social et gouvernance). Mais les choses sont en train de changer. « Les investisseurs cherchent à financer les entreprises vertueuses où qu’elles se situent, y compris dans les pays émergents », assure Jean-Marie Mercadal, directeur général de Syncicap AM, une joint-venture que viennent de créer OFI AM et Degroof Petercam AM, basée à Hong Kong. L’une des missions de cette nouvelle structure : améliorer la capacité d’analyse des actifs asiatiques, et en particulier chinois, y compris sur le plan extra-financier. Depuis un an et demi, OFI AM travaille ainsi à la mise en place de méthodologies ESG dédiées aux actifs émergents. Il n’est pas le seul. Si les gérants ont souvent commencé par le périmètre des actions, la dette émergente fait aussi l’objet de travaux depuis quelques mois. C’est par exemple le cas de NN IP qui applique depuis mi-2020 un nouveau cadre d’analyse extra-financière portant sur 87 pays.
Des motivations éthiques et financières
Pour ces asset managers généralistes, c’est une approche indispensable si l’on veut être un investisseur responsable. « En matière de transition énergétique, on ne participe pas véritablement à l’Accord de Paris si on se concentre uniquement sur la France, qui ne représente qu’une part minoritaire des émissions mondiales de carbone, fait valoir Jean-Marie Mercadal. C’est sur les grands émetteurs...