Promus par la loi Pacte, les concepts de «raison d’être» et d’«entreprise à mission» commencent à être mis en avant par les sociétés cotées. Une démarche saluée par les asset managers mais qu’ils prennent toutefois avec précaution.
Depuis la loi Pacte, une entreprise peut décider d’inscrire dans ses statuts une «raison d’être», c’est-à-dire une phrase qui décrit son projet de long terme et son apport à la collectivité. 30 entreprises du CAC 40 ont d’ores et déjà travaillé à la rédaction d’une telle raison d’être et 6, telles que Carrefour, Atos, Orange ou Engie sont allées jusqu’à la faire valider par leurs actionnaires. Danone a franchi une étape supplémentaire en adoptant le statut d’«entreprise à mission», un dispositif qui permet d’incarner cette raison d’être dans une série d’engagements concrets. Une démarche plébiscitée par ses actionnaires, puisque la résolution qui proposait l’adoption de ce statut a été adoptée à 99,42 % lors de l’assemblée générale du géant agroalimentaire.
Sanctuariser l’ESG
De fait, ces initiatives résonnent particulièrement bien avec l’importance qu’accordent désormais les investisseurs à la dimension extra-financière de leurs placements. «En permettant l’inscription d’une raison d’être dans les statuts d’une entreprise, la loi Pacte a en quelque sorte sanctuarisé les approches ESG développées par les professionnels de la gestion d’actifs depuis plusieurs années et c’est une très bonne chose», souligne Sophie Rahm, responsable de l’ESG chez Aviva Investors France. Certains asset managers ont même adapté leurs outils de gestion pour tenir compte de cette évolution réglementaire. «Nous avons travaillé à la manière d’intégrer les concepts de raison d’être et d’entreprise à mission dans notre grille d’analyse ESG, témoigne Sara Carvalho de Oliveira, analyste ESG chez Sycomore. C’est un critère qui entre désormais dans notre analyse du comportement citoyen d’une entreprise.»