Si 2020 a constitué une année difficile pour les actifs cotés du fait de la crise sanitaire, cette dernière a relativement épargné les actifs alternatifs non cotés (ou illiquides). En effet, à quelques exceptions près comme le financement de l’aérien ou encore celui de certains sous-jacents immobiliers, les performances ont été du même ordre qu’en 2019. Pour autant, les gérants appellent à une certaine prudence en matière de sélection des actifs car entre les secteurs et au sein même des secteurs, la dispersion en termes de performance potentielle est très élevée. Ils estiment aussi que le management devrait jouer un rôle crucial dans la transformation en cours des entreprises et dans leur capacité à naviguer dans un environnement difficile. Autre changement notable en 2020 : l’intégration de l’analyse extra-financière devient indispensable y compris dans le non-coté. Enfin, les gérants comme les investisseurs institutionnels (en l’occurrence la Caisse des Dépôts (CDC)) que la rédaction d’Option Finance a réunis lors de ce Grand Débat mettent l’accent sur le rôle important des initiatives de Place dans la relance des économies. Celles-ci permettent de démontrer la volonté des investisseurs institutionnels de s’impliquer auprès des entreprises en leur apportant des financements, tout en les incitant à mettre en œuvre les mutations nécessaires en matière d’environnement, d’adoption des nouvelles technologies ou encore d’inclusion sociale. Une occasion également saisie par les gérants qui estiment que les prochains mois seront très porteurs.
- Comment se sont comportés en 2020 les actifs alternatifs non cotés, ont-ils dans leur globalité bien résisté à la crise sanitaire ?
- Si on entre un peu plus dans le détail par catégorie de sous-jacents, pouvez-vous nous décrire pour commencer le comportement des infrastructures ?
- Le financement des entreprises est-il le segment le plus affecté par la crise sanitaire ?
- L’impact sur l’immobilier se fera-t-il sentir avec un décalage ?
- Les gérants ont-ils dû davantage communiquer avec les investisseurs afin de les rassurer ?
- La moindre volatilité des actifs réels est-elle essentiellement liée à l’existence d’un collatéral qui leurs confère une certaine stabilité?
- De très nombreuses enquêtes mentionnent une possible augmentation du risque de défaut en 2021 et 2022, cette évolution constitue-t-elle un challenge pour les actifs réels, y compris pour les dettes avec collatéral ?
- La crise va-t-elle permettre de franchir une nouvelle étape en matière de désintermédiation ?
- La croissance de la désintermédiation s’accompagne d’une prise en compte plus systématique de l’ESG. Quel est le rôle des labels dans ce domaine ?
- Ce prisme en faveur de l’ESG et de l’impact est-il à même de convaincre la clientèle des particuliers ?
- Ces sujets sont relativement complexes pour les particuliers et peuvent être de nature délicate à l’image de l’opération Suez/Veolia … Cette clientèle est-elle prête pour ce type d’actifs ?
Comment se sont comportés en 2020 les actifs alternatifs non cotés, ont-ils dans leur globalité bien résisté à la crise sanitaire ?

Thomas Friedberger, directeur général, Tikehau Investment Management : 2020 a été une année difficile. La crise sanitaire s’est traduite par une très forte dispersion entre les classes d’actifs et au sein de chaque classe d’actifs. A l’intérieur d’un même secteur, d’une même zone géographique, nous pouvons constater une dispersion des rendements extrêmement forte entre les meilleures sociétés, à savoir celles qui ont le meilleur positionnement et le meilleur management, et les autres. Pour les gérants d’actifs, cette évolution a ainsi pour conséquence un changement dans la façon dont ils peuvent créer de la valeur. Celle-ci ne sera plus la conséquence de l’allocation d’actifs et de la construction de portefeuille, mais bien plutôt de la sélection de valeurs. Nous pensons que la génération de valeur dans les gestions d’actifs dans les 10 prochaines années sera probablement associée à ce type de sélection, dans la capacité des gérants à être disciplinés et à sourcer les transactions de façon locale afin que celles-ci ne soient pas trop intermédiées. Ce diagnostic est vrai dans toutes les classes d’actifs : les infrastructures, l’immobilier, l’investissement en capital ou en dette. La Covid n’est finalement que l’élément déclencheur d’une crise dont les ingrédients étaient déjà présents. En effet, les économies mondiales étaient déjà entrées dans un point d’inflexion en termes de mondialisatio...