Malgré des fondamentaux qui s’améliorent, avec la fin d’une décennie de taux d’intérêt à zéro délétère pour leur profitabilité, les banques européennes doivent composer avec un environnement pollué par la crise de confiance qui affecte le secteur. Tant que les doutes sur la situation de certains établissements aux Etats-Unis ne seront pas entièrement levés, les valeurs bancaires auront du mal à attirer les investisseurs. Et ce, malgré une valorisation historiquement basse.
Les mauvaises nouvelles succèdent aux mauvaises nouvelles pour le secteur bancaire. Ressentie comme un violent signal d’alerte par les investisseurs, la faillite de trois banques régionales américaines mi-mars a ravivé de mauvais souvenirs. Quelques jours plus tard, ce sont les déboires de Crédit Suisse qui ont affolé la finance européenne, laissant entrevoir les dégâts pouvant être causés par un établissement systémique aux portes de l’Europe. Encore dernièrement, la déconfiture de la californienne First Republic Bank est venue rappeler la fragilité des banques régionales aux Etats-Unis où les clients, d’un clic sur leur smartphone, peuvent transférer leurs dépôts d’un établissement à un autre en une nanoseconde.
Résultat, le rebond boursier des valeurs bancaires de début 2022 (+30 % sur les mois de janvier et février) a fait long feu. Les investisseurs qui avaient parié sur ces dernières ont été pris de sueurs froides. Dans ce secteur dont les résultats sont si complexes à appréhender, la confiance est cruciale, or celle-ci s’est une nouvelle fois envolée. Sur les marchés, le SX7E, indice reflétant les banques européennes, a perdu 9,47 % au premier trimestre, tandis que l’Euro Stoxx 50 progresse de 1,19 %. En France, les banques s’affichent au palmarès des dix plus fortes baisses (-22,49 % pour la Société Générale, -7,73 % pour BNP Paribas), alors que le CAC 40 gagne 2,39 % sur la période. Une contre-performance qui vient s’accumuler à des années de déclin : depuis avril 2007, le cours de la Société Générale a été divisé par 6,5 et celui de BNP Paribas recule de 38 %, quand le CAC 40 s’apprécie de 24 %…