En avance sur le reste du monde, l’Europe a vu les deux tiers de la collecte sur ses ETF réalisés par des produits ESG l’an dernier. Contraints de communiquer sur les critères extra-financiers de leurs portefeuilles, les investisseurs professionnels se tournent en effet massivement vers ces véhicules cotés indiciels, transparents et peu chargés en frais. De leur côté, afin de mettre en œuvre des convictions profondes en matière d’investissement durable, certains gestionnaires proposent une offre parfois très éloignée des indices.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Alors qu’elles ne représentaient il y a encore quelques années qu’une niche au sein des ETF (Exchange Traded Funds, ou fonds indiciels cotés), les stratégies ESG ont totalisé 65 % de tous les flux d’entrée des ETF européens en 2022, contre 53 % en 2021 et 14 % en 2019 ! Les actifs dans les investissements ESG sont passés de 235,3 milliards d’euros en 2021 à 248,8 milliards d’euros et représentent déjà 18,8 % du total des actifs investis dans les ETF en Europe, selon les dernières statistiques publiées par Morningstar. Un poids acquis grâce à une collecte annuelle de 51 milliards d’euros en 2022. « Aujourd’hui, près de 20 % des actifs dans les ETF sont estampillés ESG mais ma conviction est que, en Europe, ce chiffre dépassera 50 % dans les cinq ans à venir puis qu’ensuite, l’on ne parlera plus d’ETF ESG car tous les ETF le seront, commente Alfred Le Léon, responsable de la distribution des ETF pour la France chez JP Morgan Asset Management. L’Europe joue en effet un rôle de leader dans ce domaine puisqu’elle représente à elle seule 60 % des encours et les deux tiers de la collecte dans le monde. »
Une demande en forte croissance
Sur ce segment, la France apparaît comme la locomotive de l’Europe. La demande y reste soutenue par les investisseurs professionnels. Contraints de publier de manière transparente la manière dont ils intègrent les critères ESG dans leurs opérations par l’article 173 de la loi sur la transition énergétique, ils continuent de faire basculer en masse leurs portefeuilles investis sans degré particulier d’engagement dans des activités durables vers des portefeuilles respectant des critères ESG.