Interview de Guillaume Abel, directeur général délégué de Mirova.
Que répondez-vous aux doutes exprimés par les investisseurs institutionnels quant à la performance des fonds ESG ?
Entre 2017 et 2021, les fonds ESG ont enregistré de bons résultats, mais ont été mis à l’épreuve en 2022 et 2023 en raison d’un contexte de taux élevés, affectant les valorisations des entreprises à croissance élevée ainsi que le secteur des énergies renouvelables. Le nouveau cycle de ralentissement de l’inflation et de croissance économique dans lequel nous venons de rentrer devrait soutenir un rebond de la performance. Les petites et moyennes capitalisations devenant ainsi des points d’entrée attractifs dans les prochains trimestres.
Faites-vous le même constat que les investisseurs quant au manque d’homogénéité des mesures d’impact ?
Il est vrai que la multiplicité des méthodologies, souvent opaques, des agences de notation et des fournisseurs de données, rend difficile la mesure d’impact pour les investisseurs. En tant que société de gestion à impact nous devons être capables de nous assurer de la qualité des données sur lesquelles nous nous appuyons, et ainsi pouvoir identifier et caractériser les externalités résultant de chaque euro investi pour nos clients.
Quelles solutions à ces difficultés ? En un mot : innovation. L’intelligence artificielle sera sans nul doute un moteur révolutionnaire pour automatiser les systèmes de reporting et ainsi produire des livrables sur mesure adaptés aux exigences et aux spécificités de chaque client. La technologie de la blockchain sera à ce titre également très utile pour répondre au besoin de désintermédiation et pour réduire les coûts tout en gagnant en résilience. L’innovation peut être le fruit d’initiatives collectives. Nous avons par exemple récemment lancé avec une dizaine d’acteurs financiers, dont Robeco et Edmond de Rothschild Asset Management, un projet de création d’un standard pour le calcul des émissions évitées, également appelé « scope 4 », afin d’estimer les émissions évitées par les activités financées, les rendant ainsi transparentes et comparables. La création d’une base de données standardisée et transparente pour quantifier, comparer et auditer les émissions évitées devrait encourager la réorientation des flux financiers vers des actifs favorisant la décarbonation.