Au 1er janvier 2023, les sociétés de gestion devront avoir publié, pour leurs fonds durables, un pourcentage minimum d’alignement à la taxonomie environnementale. Un exercice pour le moins délicat. En effet, les travaux autour de ce dictionnaire des activités « vertes » sont loin d’être achevés. Manque en particulier le détail des aspects liés à la biodiversité.
Pour se mettre d’accord sur une stratégie, encore faut-il parler la même langue. C’est, en substance, l’idée qui sous-tend, depuis 2016, les travaux européens en matière de finance durable. Et qui dit langue commune, dit dictionnaire commun. La taxonomie européenne joue ce rôle de dictionnaire pour guider les investissements verts, et donc le travail des asset managers engagés dans la transition écologique. « C’est un pilier essentiel du cadre réglementaire de la finance durable, qui permet d’avoir une approche harmonisée et une meilleure comparabilité des produits d’investissement », confirme Laurence Caron-Habib, responsable des affaires publiques de BNP Paribas Asset Management. Or deux ans et demi après la publication du règlement Taxonomie, cet outil central reste très difficile à manier pour les professionnels de l’investissement.
Un acte délégué à venir
La première raison est qu’il est encore incomplet, et ce malgré les quelque 400 pages de textes déjà publiés par Bruxelles. La taxonomie durable est exclusivement, à ce stade, une taxonomie environnementale : sa déclinaison sociale est toujours au point mort (lire encadré). En outre, même sur le pilier environnemental, elle reste parcellaire : sur les six objectifs fixés par le règlement fondateur de juin 2020, seuls les deux premiers – l’atténuation et l’adaptation au changement climatique – ont été traités. Les quatre autres – l’utilisation durable et la protection des ressources aquatiques et marines, la transition vers une économie...