Spécialiste de la gestion de dette, Tikehau Capital a déclenché une mini-tempête en entrant soudainement au capital la société d’investissement Eurazeo. Le mouvement pourrait annoncer une nouvelle voie de diversification pour les asset managers.
Rififi autour du parc Monceau ! La bagarre feutrée qui a opposé pendant quelques semaines deux institutions financières de ce quartier parisien huppé est passée totalement inaperçue du grand public, mais elle n’a pas échappé au petit monde de la finance parisienne. Le 6 juin dernier, Eurazeo, la société d’investissement issue de la galaxie Lazard, faisait sobrement savoir, par un communiqué, que la famille Decaux, propriétaire du groupe éponyme, allait entrer à son capital, en lieu et place du Crédit Agricole, qui venait de céder à cette dernière sa participation de 15,4 %. L’opération s’accompagnait d’un accord de gouvernance entre le holding familial JCDecaux Holding et Eurazeo sur dix ans, «destiné à conforter l’indépendance d’Eurazeo».
Le communiqué ne précisait pas que l’opération, qui avait mobilisé en quelques jours les stars de la banque d’affaires et des cabinets d’avocats de la place, avait in extremis permis de stopper la montée en puissance d’un tout récent actionnaire, Tikehau Capital. «On a frôlé la grosse bagarre bien franco-française, de type raid à la Bolloré», souligne, presque nostalgique, un banquier.
Un succés fulgurant
Créée en 2004 par Antoine Flamarion et Mathieu Chabran, deux financiers passés notamment par la banque d’investissement américaine Merrill Lynch, Tikehau a accompli en une petite dizaine d’années un parcours salué par tous les professionnels français de l’asset management : spécialisée à l’origine dans le capital-investissement, la société a connu une forte...