Alors que la loi Pacte contenant la privatisation d’Aéroport de Paris vient d’être validée par le Conseil constitutionnel, sept départements d’Ile-de-France ont d’ores et déjà publiquement manifesté leur intention de candidater au rachat des parts de l’Etat. Pour cela, ils ont choisi de s’allier au fonds de capital investissement Ardian. Une alliance stratégique qui suscite des interrogations.
Après des mois de débats houleux, l’Etat a enfin été autorisé, grâce à l’adoption de la loi Pacte le 11 avril dernier, à céder au privé les 50,63 % de parts qu’il détient dans le groupe Aéroports de Paris (ADP), sur la base d’une concession d’exploitation de 70 ans. L’opération devrait lui rapporter 9,5 milliards d’euros.
Mais ce projet de cession est loin de faire l’unanimité. Bon nombre de membres de l’opposition, de riverains de ces aéroports (voir encadré) mais aussi certaines collectivités territoriales s’inquiètent que l’Etat ne puisse conserver un droit de regard sur les décisions des futurs actionnaires du groupe. «Les craintes sont légitimes, défend Christophe Leguevacques, avocat associé au cabinet Mètis avocats. Le groupe ADP dépasse largement le cadre du département et a un impact national sur le territoire français.»
En effet, le groupe possède les plus gros aéroports français : Roissy-Charles de Gaulle (72,2 millions de passagers), Orly (33,1 millions de passagers), Le Bourget ainsi qu’une dizaine d’aérodromes. Ces aéroports sont aussi des centres commerciaux d’envergure avec 386 boutiques et services, qui ont rapporté, à eux seuls, un milliard d’euros en 2018 (sur 4,47 milliards d’euros de chiffres d’affaires la même année). De plus, ADP est le premier propriétaire foncier d’Ile-de-France avec 6 686 hectares et il détient plus d’un million de mètres carrés de bâtiments (hangars, hôtels, bureaux…).
Un positionnement inédit d’acteur privé
Aussi, dès le mois de mars 2018, lorsque l’idée d’une...