L’imprudence d’un banquier d’affaires dans l’Eurostar a bien failli entraîner une décision de l’AMF fâcheuse pour toute la profession. Explications.
On ne se méfie jamais assez de ses voisins dans l’Eurostar ! Surtout quand on est banquier d'affaires et que l'on travaille sur une opération confidentielle. Le 15 juillet 2014, M. C. collaborateur d’une banque d'affaires parisienne rentre de Londres en Eurostar. Son attention est attirée par son voisin qui jongle avec ses téléphones portables. Curieux, M. C. jette un coup d’oeil sur les écrans et il comprend très vite qu’il s'agit d'un autre banquier en train de travailler sur une opération financière : le projet d'acquisition par Iliad SA (Holding notamment de Free) d’une participation majoritaire dans l’américain T-Mobile. M. C. alerte alors le responsable du département Télécom de sa banque, ainsi qu’un de ses collègues travaillant dans le même département, afin d'organiser une démarche commerciale auprès d’Iliad. Une proposition est envoyée le 19 juillet.
Un grief virtuel
Le 31 juillet suivant, Iliad annonce au public avoir déposé une offre portant sur l’acquisition d’une participation majoritaire dans le capital de la société de droit américain T-Mobile. Mais le 13 octobre 2014, le groupe renonce, les actionnaires de T-Mobile ayant décliné ses offres. Le 9 décembre, le secrétaire général de l’AMF ouvre une enquête sur le marché du titre Iliad. Celle-ci va déboucher sur le renvoi devant la Commission des sanctions de la société elle-même, de son dirigeant et des banquiers d’affaires. Motifs ? Les services d’enquête estiment que l’information relative à l’opération sur T-Mobile était précise dès le 2 juillet. S’il est possible à une société de ne pas communiquer immédiatement ce type d’information au marché, c’est à la condition de pouvoir en garantir la confidentialité.