L’intégration de critères socialement responsables dans le calcul de la rémunération variable des managers peine encore à s’imposer au sein des grands groupes français.
Pour les cabinets spécialisés dans la rémunération des dirigeants, le bilan des groupes français en matière de responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) est contrasté. Certes, plus de la moitié des groupes du CAC 40 (26) conditionnent à ce jour une partie de la rémunération variable de leurs managers au respect de critères socialement responsables. Si cette dynamique est orientée à la hausse depuis 2006 (voir encadré), elle reste toutefois limitée parmi les grandes entreprises cotées. «Au sein du SBF 120, 15 % seulement des sociétés appliquent une telle politique pour les bonus annuels de leurs managers, et 10 % pour les outils de rémunération de moyen-long terme (actions de préférence, stock-options…), signale Philippe Burger, associé responsable capital humain chez Deloitte. Contrairement à ce que nous avions espéré il y a quelques années, nous n’assistons clairement pas à une lame de fond.» Une situation que les observateurs imputent notamment à la difficulté que peuvent rencontrer des entreprises à définir des critères RSE pertinents, par exemple dans le secteur des services.
Une pondération souvent significative
En ce qui concerne les groupes déjà actifs dans ce domaine, le constat est dans l’ensemble positif au regard du poids retenu pour les critères RSE dans l’appréciation globale. «Le plus souvent, les critères extra-financiers comptent pour 30 % à 40 % de la part variable d’un manager, dont 10 % à 20 % pour les seuls critères RSE, rappelle Bruno Fourage, spécialiste des rémunérations chez Mercer. Ces derniers représentent au final des montants significatifs.»