En plus d’intenter des actions au pénal contre Covéa et son dirigeant, le réassureur Scor a décidé la semaine dernière de saisir l’AMF. Motif : l’assureur mutualiste a communiqué au marché sa volonté d’abandonner tout projet d’offre de rapprochement en pleine séance boursière, provoquant ainsi une correction du titre. Un argument utilisé pour la première fois dans ce type d’affaires.
En plein épisode neigeux, la température est montée en flèche entre Scor et Covéa. Les deux groupes étaient déjà à couteaux tirés depuis août dernier quand Covéa, premier actionnaire du réassureur avec environ 8 % du capital, a formulé une proposition de rapprochement non sollicitée. Or le conflit est entré la semaine dernière dans une nouvelle phase. Accusant Thierry Derez, président-directeur général de Covéa, d’avoir en sa qualité d’administrateur de Scor détourné, transmis et utilisé de manière illicite des «documents et informations sensibles et strictement confidentiels de Scor» en vue de préparer puis de soumettre ce projet de rapprochement, Scor a engagé le 29 janvier des actions pénales contre Thierry Derez et Covéa pour abus de confiance et recel d’abus de confiance. Mais ce n’est pas tout. Scor annonçait dans le même communiqué avoir décidé de porter cette affaire auprès de l’AMF. Une annonce de Covéa, effectuée quelques heures plus tôt (12 h 15) également par voie de communiqué de presse, a en effet mis le feu aux poudres, le groupe indiquant qu’il n’envisageait plus de rapprochement avec Scor. Dans la foulée, le cours du réassureur plongeait, pour finir la journée avec un recul de - 11,4 %. De quoi susciter la colère de Scor, mécontent non seulement de ne pas avoir été prévenu en amont de cette décision, mais aussi, et surtout, de son officialisation en pleine séance boursière.
Un usage de marché
Sur ce point, la démarche de Covéa a étonné plus d’un spécialiste en droit boursier. «I...