Les banques sont prêtes à investir dans la décarbonation de l’industrie, mais les projets manquent, compte tenu de leur complexité technique et des incertitudes sur le modèle économique des nouveaux process industriels.
Se rendant à Dunkerque le 15 janvier, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire s’est félicité du projet local de décarbonation de la production d’acier mis en œuvre par ArcelorMittal, susceptible, à lui seul, de réduire de 6 % les émissions de carbone en France en provenance de l’industrie. Et de confirmer le soutien de l’Etat pour un investissement majeur, évalué à 1,8 milliard d’euros. Une lecture rapide du communiqué donne à penser que les financements ont donc été apportés, que la construction du nouvel appareil de production est lancée, et que la production d’acier décarboné débutera bientôt. En fait, il n’en est rien. ArcelorMittal est passé de la phase de pré-étude (pré-FEED, Front-End Engineering Design) à la phase d’étude. Il faudra plusieurs années, ensuite, pour que l’acier sorte des hauts fourneaux avec des émissions de carbone fortement réduites… La situation du sidérurgiste est révélatrice de celle de l’ensemble de l’industrie, très polluante (20 % des émissions de CO2 en France), mais dont la décarbonation sera en fait très lente.
Et pourtant, il y a urgence. « Le plan national énergie climat table sur un effort important de réduction de l’utilisation des énergies fossiles dans l’industrie », souligne Pauline Lesterquy, économiste au sein du Service d’études sur les politiques structurelles à la Banque de France. L’industrie contribuerait sensiblement à l’ensemble de la réduction des émissions. Pour l’ensemble de l’économie, « les modélisations provisoires de la...