Après plusieurs années de repli soutenu, les défaillances d’entreprises françaises devraient repartir à la hausse en 2019. Un mouvement initié dès le début du second semestre 2018. Explications.
En 2018, la courbe des défaillances d’entreprises françaises a commencé à s’inverser. Après deux années de fort recul (– 7 % en 2016 et 2017), le nombre de défaillances constatées en France a crû au deuxième semestre de 2018 (+ 6,4 % au T3 et + 3,4 % au T4). Au final, les défaillances d’entreprises en France n’auront reculé que de – 1,2 % l’an passé. Avec 54 325 cas recensés, le niveau observé en 2018 en France est supérieur de + 14 % à celui d’avant-crise de 2007. Le risque d’impayé s’est donc renforcé en France l’an passé, mais comment l’expliquer ? Stéphane Colliac y voit deux causes principales.
«La première raison, c’est le ralentissement de la croissance française à + 1,5 % l’an passé (+ 2,3 % en 2017). Celui-ci trouve sa source dans la faible croissance de la consommation des ménages (+ 0,8 % l’an passé), synonyme de moindres débouchés pour les entreprises. Ensuite, les taux de marge des entreprises ne parviennent pas à retrouver leurs niveaux d’avant-crise, et restent coincés sous la barre des 32 %. Face à ces deux éléments, la trésorerie des entreprises françaises est mise sous pression, et le risque d’impayé s’intensifie.»
Autre facteur d’inquiétude, les défaillances de grandes entreprises1. En 2018, celles-ci ont augmenté de + 19 % en France. Parmi les secteurs les plus affectés, la construction est en première ligne, avec 14 nouveaux cas recensés l’an passé : les entreprises du secteur ont subi de plein fouet le ralentissement de l’investissement des ménages en 2018 (+ 1,6 %). De quoi craindre un potentiel effet domino sur les plus petits fournisseurs, et donc une nouvelle vague de défaillances en 2019.