Soucieuses de trouver des relais de croissance dans les émergents, les entreprises françaises éprouvent des difficultés à mener des acquisitions localement. Afin de mener ces opérations à leur terme, elles doivent donc mobiliser plus de ressources et faire preuve de patience.
Lorsque la fusion entre Publicis et Omnicom a échoué, neuf mois après l’annonce de leur alliance, les autorités de la concurrence chinoises étaient les seules à ne pas avoir donné leur aval pour la réalisation de l’opération. Si le délai de réponse des autorités locales n’est pas du tout un facteur de l’échec de cette fusion très attendue, ce désagrément est typique de ceux que rencontrent souvent les entreprises qui mènent des opérations de croissance externe dans les émergents. Déjà en 2012, le cabinet PwC estimait dans une étude que ces opérations étaient tellement compliquées à réaliser que près de la moitié d’entre elles échouaient après les étapes de due diligence. De quoi commencer à refroidir les ardeurs des acquéreurs européens alors même que certains de ces pays font moins figure de relais de croissance à court terme. «En 2014, la croissance brésilienne, attendue à 0,3 %, sera plus faible que la croissance française !» souligne Alexis Karklins-Marchay, associé et directeur général délégué chez Eight Advisory. Les entreprises européennes en ont déjà tiré les conséquences, en se tournant davantage vers les pays développés. La part des acquisitions européennes vers l’Amérique du Nord est passée de 64,5 % en 2013 à 71,3 % entre janvier et septembre 2014, selon les données de Mergermarket. «Les opérations de croissance externe dans les émergents nous demandent, en tant que conseil, de fournir des efforts supplémentaires, témoigne Sophie Javary, responsable adjoint de BNP Paribas Corporate Finance. Elles peuvent s’allonger dans le temps et se révèlent souvent particulièrement complexes en termes de diligences et de valorisation.»