Encore très peu nombreuses à diriger la fonction finance dans les grands groupes, les femmes qui y sont parvenues espèrent donner l’exemple. Même si la fonction nécessite, au-delà des qualités professionnelles, une bonne résistance physique et du tempérament, elle constitue une des voies les plus efficaces pour accéder à la direction générale… et favoriser ainsi la présence des femmes dans les instances dirigeantes des grands groupes.
Quand la directrice financière d’un grand groupe a rencontré son nouveau président, tout juste nommé, celui-ci n’a pas pris de gants : il n’avait rien à lui reprocher, mais il préférait travailler avec un homme, si possible énarque, et plus âgé qu’elle. Magnanime, il lui proposait un autre poste de direction, plus en retrait néanmoins que la fonction finance. «J’étais furieuse, j’ai failli démissionner sur-le-champ, se souvient-elle. Puis j’ai réfléchi, pris conseil et décidé de lui montrer qu’il avait eu tort en me montrant efficace à mon nouveau poste avant d’en rechercher un autre.» Quelques années après avoir quitté l’entreprise, elle a appris que son ancien président l’avait, de sa propre initiative, chaudement recommandée pour la direction financière d’un autre grand groupe qu’elle dirige actuellement…
L’anecdote n’a, en soi, rien d’étonnant. «La finance est encore un bastion à prendre pour les femmes dirigeantes car c’est une fonction de pouvoir, et souvent le dernier niveau à atteindre avant celui de la direction générale», constate Catherine Guillouard, directeur général délégué de Rexel, en charge notamment des finances. Pourtant les femmes sont souvent bien représentées dans les équipes des directions financières d’entreprise : les métiers de la finance, qui nécessitent rigueur, précision et organisation, se prêtent bien, tous les chasseurs de tête en conviennent, à leur profil. Mais de là à ce que ces indéniables qualités leur permettent d’accéder au plus haut...