Afin de financer une partie de l’acquisition de Tiffany, LVMH vient de boucler la plus importante levée de fonds jamais réalisée par une entreprise française sur le marché obligataire en Europe. Une performance d’autant plus remarquable que cette émission, assortie de conditions d’emprunt également records, n’a été précédée d’aucun roadshow.
LVMH n’a pas perdu de temps ! Le 4 février dernier, le groupe de luxe apprenait que les actionnaires de Tiffany & Co venaient d’approuver dans le cadre d’une assemblée générale extraordinaire le rachat du joaillier américain par le géant français pour un montant de 16,2 milliards de dollars. Le lendemain, la société présidée par Bernard Arnault lançait une émission de plus de 9 milliards d’euros sur le marché obligataire. En dépit d’une taille inédite pour un émetteur hexagonal (voir encadré), elle initiait cette opération sans la tenue préalable d’un roadshow. Une démarche peu courante qui ne l’a toutefois pas empêchée de collecter près de 1 300 ordres et près de 27 milliards d’euros dans les livres !
Une communication en amont
Un tel dénouement n’étonne guère les banquiers. D’abord, LVMH n’est pas un emprunteur régulier sur le marché obligataire, ce qui tend mécaniquement à soutenir la demande des investisseurs. De plus, il s’agit d’une des entreprises les mieux notées au monde (A+). Enfin, le groupe a pu tirer profit de sa communication financière. «Comme le groupe l’avait déjà fait en 2017 au moment du rachat de Christian Dior Couture, il a laissé comprendre que l’acquisition de Tiffany & Co serait financée à 100% par de l’endettement, rappelle Clémence Berroëta, originatrice senior pour les corporates français chez Crédit Agricole CIB. Ceci a permis aux investisseurs obligataires de se tenir prêts à absorber une transaction «jumbo» et évité à LVMH un exercice de marketing sur plusieurs jours, lequel aurait empêché de se saisir de la meilleure fenêtre.»