En réaction à plusieurs scandales comptables récents, un rapport de l’autorité de la concurrence britannique propose plusieurs réformes, dont la mise en place du joint audit.
Les Britanniques en ont assez des scandales comptables. Le 15 janvier 2018, la faillite du groupe de services et de BTP Carillion (43 000 salariés, 5,2 milliards de livres de chiffre d’affaires, 1,5 milliard de dette) a déclenché un séisme. Le 29 janvier suivant, à la demande du gouvernement, le Financial Reporting Council (FRC) a ouvert une enquête concernant l’auditeur du groupe, KPMG, pour la période comprise entre 2014 et 2017. Six mois plus tard, suite à la faillite retentissante en 2016 du groupe de distribution BHS, le FRC a infligé cette fois une amende record de 6,55 millions de livres à PwC et de 325 000 livres à l’un des associés. Motif ? Il est reproché à ce dernier, en charge du dossier, d’avoir facturé 31 heures de conseil pour seulement 2 heures d’audit, laissant l’examen des comptes à des collègues moins expérimentés.
Face à ces sinistres, le FRC a décidé en octobre dernier de mener des travaux approfondis sur les règles d’indépendance, allant jusqu’à évoquer l’hypothèse d’une interdiction de faire du conseil.
Le problème du too big to fail
Mais une autre autorité a décidé de s’en mêler, la puissante Autorité de la concurrence britannique (CMA). Et pour cause, l’une des caractéristiques du marché anglais de l’audit est sa très forte concentration : à l’heure actuelle, les Big Four auditent 97 % du FTSE 350. Un oligopole qui pourrait expliquer en partie les problèmes de qualité de l’audit en Grande-Bretagne. Outre le manque de choix offert aux entreprises, cette situation soulève le problème du «too big too fail».
Le rapport que l’Autorité a publié mi-décembre envisage plusieurs solutions. L’une d’entre elles pourrait consister à séparer l’audit et le conseil, mais la CMA observe...